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Naissance de Marie de Rabutin-Chantal

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Portrait-de-madame-de-sevigne Claude Lefèbvre, Portrait de Madame de Sévigné, Musée Carnavalet.

Le 5 février 1626, Marie de Rabutin-Chantal naît place Royale – au 1bis de l’actuelle Place des Vosges -. Orpheline très jeune, elle est élevée par la famille de Coulanges, par ses grands-parents maternels ; puis après leur mort, son oncle devient son tuteur. En 1644, elle épouse le marquis de Sévigné, parent du Cardinal de Retz : « monsieur de Sévigny m’estime et ne m’aime point ; moi je l’aime et ne l’estime point ». En 1646, naît sa fille, Françoise Marguerite, « la plus jolie fille de France » selon Bussy-Rabutin.

Une femme de lettres. – Après la mort de son mari dans un duel en 1651, la jeune veuve fréquente les princes et la haute noblesse, anime les salons parisiens par son charme, son esprit et sa conversation. A l’hôtel de Rambouillet, elle côtoie toute la société qui fait l’agrément de Paris : le duc de la Rochefoucauld, auteur des Maximes, le cardinal de Retz qui aurait écrit pour elle ses Mémoires de la Fronde, la veuve Scarron – future Madame de Maintenon – et se lie d’amitié avec Madame de La Fayette et Madeleine de Scudéry.

Une proche de Fouquet. – Madame de Sévigné fait partie des protégés du surintendant Fouquet avec les écrivains Pellisson et Guez de Balzac, le poète Scarron, Jean de La Fontaine et Madeleine de Scudéry. Femme d’esprit appréciée, la marquise prend la plume après l’arrestation du Surintendant pour raconter, jour après jour, à son ami Pomponne qui a dû s’éloigner de Paris le procès, les interrogatoires, la lecture de la sentence, le départ pour la forteresse de Pignerol.

Un témoin de la cour. – Madame de Sévigné n’appartient pas à la cour, mais elle y a ses entrées. En 1664, elle accompagne sa fille qui danse avec le roi pour Le Ballet des amours déguisés et pour La Naissance de Vénus en 1665. La mère et la fille sont invitées au divertissement « Les plaisirs de l’île enchantée », donné à Versailles en 1664, puis au grand Divertissement de 1668 où elles sont placées à la table du roi et de la reine. La Fontaine dédie à Mademoiselle de Sévigné la fable « Le lion amoureux ».

Correspondance. – L’année 1671 marque le début de la longue correspondance entre la marquise de Sévigné et sa fille, devenue Madame de Grignan, installée à Aix-en-Provence avec son mari, gouverneur de la Provence. Outre l’affection que la marquise portait à sa fille, ses lettres racontent la vie à Versailles et à Paris, transmettent les nouvelles du fait de l’éloignement de Madame de Grignan du centre du pouvoir : le mariage de Lauzun, Mademoiselle de Montpensier, fille de Gaston d’Orléans ; le suicide de Vatel, le maître d’hôtel de Condé, croyant que le poisson n’arrivera pas à temps pour le repas du roi ; l’exécution de la Brinvilliers et de la Voisin après l’affaire des poisons.

La marquise raconte, avec beaucoup d’esprit et un peu de préciosité les amours de Louis XIV et de la belle Françoise-Athénaïs de Rochechouart-Mortemart, « Junon tonnante et triomphante » dont tous admirent la beauté : « Sérieusement, c’est une chose merveilleuse que sa beauté, une beauté à faire admirer à tous les ambassadeurs ! ».

Dans un style proche de celui de La Fontaine, elle décrit le château de Clagny construit pour Madame de Montespan, alors au sommet de sa gloire : « Vous ne sauriez vous représenter le triomphe où elle est au milieu de ses ouvriers, qui sont au nombre de douze cents : le palais d’Apollidon et les jardins d’Armide en sont une légère description. Vous connaissez la manière de Le Nôtre ; il a laissé un petit bois sombre qui fait fort bien, il y a un petit bois d’orangers dans de grandes caisses ; on s’y promène ; ce sont des allées où l’on est à l’ombre ; et pour cacher les caisses, il y a des deux côtés, des palissades à hauteur d’appui, toutes fleuries de tubéreuses, de roses, de jasmins, d’œillets ; c’est assurément la plus belle, la plus surprenante, la plus enchantée nouveauté qui se puisse imaginer ; on aime fort de bois » (lettre du 7 août 1675).

La description montre l’érudition de la marquise, dont les références littéraires nécessitent de sérieuses connaissances :  Armide et Apollinon sont les héros de la Jérusalem délivrée du Tasse et de l’Amadie de Gaule, épopées romanesques où enchanteurs et magiciennes se rendent maître du jeu en multipliant les métamorphoses.

La lettre au XVIIe siècle. – La lettre devient une pratique sociale et intellectuelle et l’art épistolaire, un genre de littérature. Ces correspondances participent aux immenses échanges qui se tissent dans l’Europe du XVIIe siècle. Les courriers partent à date fixe pour la province. Ils mettent 5 jours pour aller de Paris en province. Ces lettres sont faites pour être lues par un large public et non seulement par leur destinataire. Elles doivent donc avoir ce ton spirituel que l’épistolière donnerait à sa pensée dans un salon. La marquise est célèbre de son vivant et ses lettres sont appréciées : « il est certain que vos lettres sont délicieuses et vous êtes comme vos lettres » (Madame de Coulanges).

L’hôtel Carnavalet. A partir de 1677, Madame de Sévigné loue l’hôtel Carnavalet qu’elle convoitait, spacieux hôtel du Marais, quartier qui concentre l’essentiel de la vie sociale : «  Ah ! quel bon air nous aurons dans cette Carnavalette ». En 1691, Madame de Sévigné se retire définitivement auprès de sa fille à Grignan où elle s’éteint le 17 avril 1696.

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