Un spectacle exceptionnel!
Bat, Le Rat et Pompona sont allés voir La nostalgie des blattes de Pierre Notte au Théâtre du Petit-Saint-Martin et ont beaucoup aimé. Bat vous raconte.
Une blatte sur un parquet. ©Le Rat/Soracha
Un excellent texte de Pierre Notte ; deux immenses comédiennes, Catherine Hiegel et Tania Torrens, assises, face au public. Un plateau nu, aucun décor. Telle est la magie du théâtre. Une heure et des poussières plus tard, le spectateur ressort, enchanté.
Non ! La vieillesse n’est pas nécessairement un naufrage!
De poussière, il n’en est plus question dans le monde où « vivent » ces deux vieilles. Un monde sans gluten, ni détritus, ni champignons, ni moucherons, ni sucre ; un monde aseptisé, blanc, idéalisé, surveillé par une brigade sanitaire et des engins volants qui s’écrasent régulièrement autour d’elles. Alors les deux vieilles se souviennent du goût du pain, du miel, des guêpes sur la confiture, des pigeons, des rats … jusqu’avoir la nostalgie des blattes. C’est tout dire !
Mais que font-elles ? Assises côte à côte, proches, mais pas trop, elles attendent. Qui ? Godot … Non, plutôt le client, quelqu’un qui viendrait voir ces deux femmes qui ont vieilli sans recourir aux interventions chirurgicales et qui sont là. La description du visage avachi, les poches sous les yeux, les joues creuses, est un moment d’anthologie. Tout y passe ! Sauf le nez, resté intact et bien droit ! Beckett, Gogol … L’absurde et le grotesque accompagnent le spectateur pour sa plus grande joie !
Alors que font-elles ? Elles discutent, se disputent, échangent, s’opposent, toujours assises sur leurs chaises, du début à la fin de la pièce. Le spectateur écoute, rit, tantôt de bon cœur, tantôt jaune, apprécie le texte féroce, se laisse charmé – voire envouté – par le ton juste, la diction parfaite, l’émotion maîtrisée de ces deux extraordinaires comédiennes. A plus de 70 ans, Catherine Hiegel et Tania Torrens nous donnent une merveilleuse leçon de vie !