Sur les traces de Saint-Louis et de Blanche de Castille
Promenade romantique
Bat, Le Rat et Pompona vous invitent à découvrir les ruines de l’abbaye cistercienne du Lys, située à Dammarie-les-Lys, près de Melun, à la lisière de la forêt de Fontainebleau.
Nombreuses sont les ruines d’abbayes en Île-de-France, lieux de magnifiques promenades que Bat, Le Rat et Pompona vous invitent à découvrir.
Durant tout le Moyen Age, les monastères et les abbayes se multiplient en Occident. Ils sont tous régis par des règles de vie, fondées sur l’obéissance au chef de la communauté et à une discipline de vie ordonnée autour de la prière et du travail.
Proposée par Benoît de Nursie, fondateur du monastère du Mont-Cassin en 529, la règle de Saint-Benoît répartit harmonieusement le travail manuel, le travail intellectuel, dans l’emploi du temps des moines. L’ordre bénédictin connaît ainsi un grand essor et s’impose dans le monde occidental.
Abbé du Languedoc au IXe siècle, Benoît d’Aniane poursuit l’expansion de l’ordre bénédictin. Deux réformes donnent ensuite naissance à deux nouvelles branches :
- l’ordre des Clunisiens, installés à Cluny en Bourgogne à la fin du Xe siècle, dont l’abbaye va devenir au cours des siècles suivants un immense empire monastique, indépendant et tentaculaire, disparu à la Révolution ;
- l’ordre des Cisterciens au XIIe siècle, sous l’autorité de Bernard de Clairvaux (1090-1153), fondateur de l’abbaye éponyme, située en Champagne – qui reproche à l’ordre de Cluny un manque d’ascétisme dans sa conduite, dans l’art et dans la liturgie et prône un éloignement du monde.
« Les murs de l’église resplendissent, mais les pauvres souffrent […] Ses pierres sont couvertes d’or, mais ses enfants sont nus […] Que viennent faire dans vos cloîtres où les religieux s’adonnent aux saintes lectures, ces monstres grotesques, ces extraordinaires beauté difformes et ces belles difformités ? Si toutes ces inepties ne provoquent pas la honte, du moins devrait-on reculer devant la dépense ! » (Apologie adressée en 1124 par Bernard de Clairvaux à Guillaume, abbé de Saint-Thierry, près de Reims).
Au XIIIe siècle, trois grandes abbayes cisterciennes, richement dotées par le roi Louis IX – Saint-Louis -, ou par sa mère Blanche de Castille, protectrice de l’ordre des cisterciens, sont construites en Île-de-France : Royaumont, située près d’Asnières-sur-Oise, fondée en 1228 en exécution du testament de Louis VIII, père de Saint-Louis, Maubuisson située près de Pontoise, créée en 1236 – où Blanche de Castille est ensevelie à sa mort en 1252 – et l’abbaye du Lys bâtie de 1244 à 1248.
Dès 1248, des moniales venues de l’abbaye de femmes de Maubuisson s’installent dans l’abbaye du Lys. Parmi elles, Alix de Vienne, entrée dans les ordres après le décès de son époux et parente de Blanche de Castille, devient la première abbesse de l’abbaye jusqu’à sa mort en 1260. D’importantes donations sont faites à cette abbaye cistercienne de femmes qui devient très prospère. En 1251, la reine Blanche constitue « à ses chères filles du Lys » des rentes sur la prévôté d’Etampes – enregistrées sur une charte de Louis IX datée du camp de Césarée. En 1253, le cœur de Blanche de Castille y est déposé. Et quelques années plus tard, Philippe IV le Bel donne au trésor de l’abbaye le cilice de Saint-Louis – partagé en trois, il est aujourd’hui conservé dans l’église Saint-Aspais de Melun, dans la cathédrale de Meaux et une petite partie a été donnée à l’église paroissiale de Dammarie – ainsi que deux os d’un bras du roi et la cassette ornée d’émaux fleurdelysés dans laquelle le roi enfermait ses aumônes – dite « cassette de Saint-Louis” aujourd’hui conservée au Musée du Louvre -.
Détruite au XIVe siècle, l’abbaye est reconstruite en 1644 par l’abbesse Marguerite-Marie de La Trémoille. Les reliques attirent alors les pèlerins de fort loin. On raconte qu’en visite à l’abbaye, la reine Christine de Suède aurait demandé aux religieuses : « avec des vœux, pourquoi des grilles et avec des grilles, pourquoi des vœux ? » Vendue en 1792, devenue dépôt de boeufs, l’abbaye est démolie en 1796.
De nos jours, il faut faire preuve d’imagination pour rebâtir cette abbaye prospère et faire revivre la vie des moniales dont la journée était rythmée par les activités spirituelles et liturgiques.
Il ne reste plus aujourd’hui qu’une partie du chœur de l’église, le transept saillant et deux chapelles … ainsi qu’une plaque tombale avec une fleur de lys.
Havre de paix au cœur d’un agréable parc, ces magnifiques ruines invitent à la mélancolie ou à la méditation.
Sources : J. Berlioz, Moines et religieux au Moyen Age, Points Histoire; ss. la dir. de J.-M. Pérouse de Montclos, Guide du patrimoine, Hachette; Guide de l’Île-de-France mystérieuse, Guides noirs, Tchou éditeur; G. Pillement, Les environs de Paris inconnus.