12 janvier 1628 : naissance de Charles Perrault
« Je suis né le douzième janvier 1628, et né jumeau. Celui qui vint au monde quelques heures avant moi fut nommé François, et mourut six mois après. Je fus nommé Charles par mon frère le receveur général des finances, qui me tint sur les fonts avec Françoise Pepin, ma cousine ».
Ainsi commencent les Mémoires de ma vie de Charles Perrault.
Etudes. – Après des études au collège de Beauvais, interrompues sur un coup de tête, Charles Perrault, passe sa licence de droit à Orléans en 1651 et s’inscrit au Barreau de Paris. Plus doué pour les lettres et les vers que pour le droit, Charles travaille pour son frère, Pierre, qui a acheté une charge de receveur général des finances, et écrit des poésies.
Le protégé de Colbert. – Au début des années 1660, Charles Perrault devient l’un des conseillers favoris de Colbert : ce dernier veut avoir un conseil de quatre personnes « pour toutes les choses dépendantes des belles lettres » : Perrault devient le secrétaire de cette Petite Académie (plus tard l’Académie des Inscriptions). En 1668, il est nommé premier commis des Bâtiments royaux ; le 23 décembre 1671, il entre à l’Académie française et devient contrôleur des Bâtiments du Roi. Claude, son frère architecte, l’aide dans ses activités ; Charles le fait nommer à l’Académie des sciences. Travailleur infatigable comme son maître, Charles a en effet de nombreux domaines d’activités : composition de devises pour les tapisseries du roi, modernisation de l’orthographe française, questions scientifiques et techniques, mais aussi débats doctrinaux sur la peinture. En 1687, la lecture de son Siècle de Louis le Grand pour célébrer le roi à travers les réalisations de son règne déclenche la querelle des Anciens et des Modernes qui l’oppose notamment à Boileau.
Le bosquet du labyrinthe. – Dessiné et planté par André Le Nôtre dans les jardins du château de Versailles en 1665, le bosquet du Labyrinthe, peut-être conçu par Perrault, devient entre 1671 et 1674 un fabuleux bosquet, circuit d’allées sinueuses agrémenté d’un réseau de 38 fontaines. Chaque fontaine est un extraordinaire bassin composé de rocaillage, enrichi de coquillages, de quartz, de pâte de verre et de végétaux en métal, et orné d’un bestiaire en plomb polychrome correspondant à une fable d’Esope ou reprise dans les Fables de La Fontaine, publiées en 1668.
Le chat pendu par les rats. – A titre d’exemple, la fontaine n°5 illustre la fable du Chat pendu par les rats : « le chat pendu sur le haut d’une espèce d’amortissement de rocaille, vomit de l’eau dans un bassin ; les rats autour jettent de l’eau contre lui, sans oser l’aborder » (description, Le labyrinthe de Versailles, du mythe au jeu). Le quatrain suivant, rédigé par Isaac de Benserade, était inscrit sur la fontaine :
Un chat faisait le mort, et prit beaucoup de rats Puis il s’enfarina pour déguiser sa mine Quand même tu serais le sac à la farine Dit un des plus rusés, je n’approcherais pas.
Selon la fable en effet, un chat se pendit par les pattes, et faisant le mort, attrapa plusieurs rats. Une autre fois, il se couvrit de farine. Un vieux rat lui dit : « quand tu serais le sac de farine, je ne m’approcherais pas ». Et Perrault – qui s’intéressait à l’animal qu’il considérait comme le miroir de l’homme – d’en tirer la morale : « le plus sûr bien souvent est de faire retraite / le chat est chat, la coquette est coquette ».
Ecarté du pouvoir. – A partir de 1676, les relations de Charles Perrault et de Colbert se détériorent. Et au décès de Colbert, Louvois le remplace à la surintendance des Bâtiments. Perrault se voit contraint de vendre son office et se voit écarter de la Petite Académie. Marié depuis 1672 avec Marie Guichon, jeune champenoise de 19 ans, Charles se consacre à l’éducation de ses enfants et s’installe, entre cour et jardin dans deux maisons ayant chacune leur entrée cochère sur la place de l’Estrapade, pour y vivre en compagnie de son frère Claude.
Les contes. – Auteur prolixe, Charles Perrault reste surtout connu aujourd’hui grâce à l’extraordinaire succès des Contes, publiés en 1697, dont il n’a jamais revendiqué la paternité. La dédicace à « Mademoiselle », nièce de Louis XIV, est signée par Pierre Darmancour, fils de Charles. Les contes, œuvre de fiction, se situent dans le monde réel et laissent voir la réalité contemporaine. La place du merveilleux est limitée ; les animaux parlent, conservent leurs natures de bêtes ou se comportent comme des hommes. A la fin du XVIIe siècle, les contes de fées sont un genre littéraire apprécié des salons parisiens à la mode, des précieuses et des courtisans.
« Quelqu’une de vos Fées, à qui vous dites que vous abandonnez vos lettres après les avoir écrites, a touché à celle que vous m’avez envoyée. Encore faut-il que ce soit une des plus savantes de leur troupe, et qui ait autant demeuré à la cour que dans les bois. Je ne crois pas qu’il y en eût beaucoup entre elles qui en sussent faire autant : et je pense que la même qui vous inspire quand vous parlez, vous a pour cette fois aidée à écrire » (Extrait d’une lettre du poète Voiture à Perrault)
La Gazette de Soracha vous invite à lire ou relire Le Chat botté que Bat, Le Rat et Pompona apprécient tout particulièrement.
Sources : Perrault, Contes, édition critique de J.-P. Collinet, Folio Classique. Perrault, Mémoires de ma vie, Art & Histoire, Macula. R. Darnton, Le grand massacre des chats, Pluriel. Dictionnaire Louis XIV, sous la direction de L. Bely, Robert Laffont. Le labyrinthe de Versailles, du mythe au jeu, sous la direction de E. Maisonnier et A. Maral, Bibliothèque municipale de Versailles / Magellan & Cie.