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La Gazette de Soracha – n°17 – Judith Gautier

Judith Gautier est décédée dans sa villa du bord de mer, appelée « Le Pré-des-Oiseaux », à Saint-Énogat le 26 décembre 1917. Il y a 100 ans aujourd’hui.


Plage de Saint-Enogat

Vue de la plage de Saint-Enogat (Dinard). ©Le Rat/Soracha.

« Indépendante j’ai vécu, indépendante je vieillis, indépendante je mourrai. Je serai, toute mon existence, une sorte d’Extrême-Orientale détachée des choses de son temps et de son milieu ».

Résumé. – Judith Gautier est une femme exceptionnelle et passionnante, aux facettes multiples : « fille de » l’écrivain Théophile Gautier, intégrée dans le milieu littéraire et artistique de son temps, actrice du monde culturel de son époque, touche-à-tout extraordinaire, écrivain, journaliste, fervent soutien de Wagner et grande amie de Victor Hugo, première femme entrée à l’Académie Goncourt en 1910. Judith Gautier est un « chef d’œuvre de personnage ».

Les nombreux intervenants du passionnant colloque organisé par Yvan Daniel et Martine Lavaud pour le centenaire de la mort de Judith Gautier les 16 et 17 novembre dernier à la Sorbonne ont montré la richesse intellectuelle et la créativité foisonnante de cette femme hors du commun. Et le concert présenté par la société Judith Gautier, avec le soutien du service culturel de Paris-Sorbonne, avec la soprano Bernadette Mercier et le pianiste Jean-François Ballèvre a fait découvrir au public de nombreuses oeuvres musicales peu connues, notamment celles de Benedictus, grand ami de Judith Gautier.

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La Gazette de Soracha – n° spécial – Centenaire 1917-2017 – Un ballet : Parade

Parade : une oeuvre d’art totale, synthèse créative d’artistes devenus illustres depuis.


Parade. Ballet réaliste en un tableau

Le Rideau rouge de Picasso. Rideau de scène pour le Ballet Parade.

18 mai 1917. – Est donnée en matinée au Théâtre du Châtelet la première de Parade. Ballet réaliste en un tableau, présenté par les Ballets Russes de Serge de Diaghilev, sur un argument de Jean Cocteau, illustré musicalement par Erik Satie, avec des décors et des costumes de Pablo Picasso, une chorégraphie de Léonide Masside. Sans oublier le programme écrit par Guillaume Apollinaire.

Au commencement. – A l’origine du ballet Parade, il y a un homme : Serge de Diaghilev. Une personnalité hors du commun. Né à Perm en Russie en 1872, élève de Rimski-Korsakov, fondateur du groupe Mir Iskousstva (Le Monde de l’Art) avec Léon Bakst et Alexandre Benois en 1898 et de la revue du même nom l’année suivante, Diaghilev arrive à Paris en 1906. Il fait découvrir au public parisien la musique russe par des concerts en 1907 et des opéras en 1908 avant de présenter le ballet Le Pavillon d’Armide avec Bakst et Benois le 18 mai 1909 au Théâtre de Châtelet puis de créer les “Ballets Russes” en 1911.

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La Gazette de Soracha – n°16 – Elisabeth-Charlotte de Bavière , “Madame Palatine”

Elisabeth-Charlotte de Bavière – “Madame Palatine”

Elisabeth-Charlotte de Bavière, d’après Nicolas Largillière.

Elisabeth-Charlotte von der Pfalz, fille de l’Electeur palatin Karl Ludwig, est née le 27 mai 1652 à Heidelberg. Mariée à Monsieur, en novembre 1671, la « princesse électorale du Rhin » devient Madame, duchesse d’Orléans, belle-sœur de Louis XIV, puis mère du Régent à la mort de Louis XIV en 1715. Liselotte est décédée le 8 décembre 1722 à Saint-Cloud. « Voilà un deuil pour toute l’Europe » (Mathieu Marais, cit. Van der Cruysse).

Scribomane incurable. – « J’écris comme je parle, car je suis trop naturelle pour écrire autrement que je ne pense ». Liselotte est une épistolière polyglotte boulimique : elle a écrit plus de 60.000 lettres (Mme de Sévigné en comparaison en a écrit 1200 environ), dont 1/10e seulement est conservé, principalement en allemand (2/3) et en français (1/3), mais aussi en anglais et en néerlandais. Elle correspondait avec les cours royales de Prusse, d’Angleterre, de Suède, du Danemark, d’Espagne et de Sicile, avec la plupart des cours princières allemandes et les cours ducales de Lorraine, de Savoie et de Modène (Van der Cruysse).

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La Gazette de Soracha – n°15 – Madeleine de Scudéry

Madeleine de Scudéry est née le 15 novembre 1607 au Havre. C’était il y a 410 ans !

Madeleine de Scudéry, Ecole française, Bibliotheque Municipale, Le Havre.

“L’amour est un je-ne-sais-quoi, qui vient je-ne-sais-où et qui finit je-ne-sais-quand”.

Résumé. – Madeleine de Scudéry est une grande dame de la littérature française du XVIIe siècle, auteur du Grand Cyrus et de Clélie, deux best-sellers à l’époque. « La reine des précieuses », « nouvel oracle de la galanterie » (évêque Antoine Godeau), « institutrice des mœurs » (Sainte-Beuve), Madeleine de Scudéry est l’une des premières femmes de lettres modernes. Décrite comme « l’Universelle » par ses contemporains italiens, admirée par La Fontaine et par Leibniz, Madeleine de Scudéry n’est nullement « une femme sottement savante » comme les caricature Molière dans Les Précieuses ridicules (1659) et Les Femmes savantes (1672).

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Gazette de Soracha – n° 14 – Howard Phillips Lovecraft et Le Necronomicon

Howard Phillips Lovecraft est né le 20 août 1890 à Providence (Rhode Island).

Lovecraft

Lovecraft en 1915.

Résumé.–  Lovecraft est l’un des plus grands auteurs de la littérature fantastique. Sa vision et sa conception du fantastique restent uniques : il a créé une mythologie et une cosmogonie originales – des démons hideux, répugnants, puants : Azathoth, « Maître de Toutes Choses », Nyarlathotep « le chaos rampant », Yog-Sothoth « le Tout-en-Un et le Un-en-Tout » et bien sûr Cthulhu –, un univers propre peuplé de villes imaginaires – Dunwich (Massachussets), Kingsport, Innsmouth – dont l’une, Arkham, abrite l’Université Miskatonic dans laquelle se trouve une bibliothèque extraordinaire possédant des livres interdits dont un exemplaire du mythique Necronomicon. A partir de 1930, Lovecraft écrit à ses correspondants qu’il va s’arrêter d’écrire car il n’a plus rien à dire. Atteint d’un cancer de l’intestin, il meurt le 15 mars 1937.

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Gazette de Soracha n° 13 – Louise de La Vallière

Louise de la Baume Le Blanc, duchesse de La Vallière, première maîtresse de Louis XIV, est née le 6 août 1644.

« C’était une petite violette qui se cachait sous l’herbe, et qui était honteuse d’être maîtresse, d’être mère, d’être duchesse. Jamais il n’y en aura sur ce moule-là » (Mme de Sévigné).

Louise de la Valliere

Jean Nocret, Louise de la Vallière.

Résumé. – En juillet 1661, Louise de La Baume Le Blanc devient, à 17 ans, la maîtresse du roi. Louise est follement éprise de Louis : « elle ne songeait qu’à être aimé du roi et à l’aimer » (Mme de La Fayette). Après la mort de la reine-mère Anne d’Autriche, en 1666, elle devient la maîtresse officielle de Louis XIV. Puis son prestige diminue et, de 1667 à 1674, la jeune femme se voit contrainte de partager son titre de favorite du roi avec Madame de Montespan qui l’a supplantée auprès du roi. Le 3 juin 1674, Louise entre au Carmel de l’Incarnation et devient, l’année suivante, sœur Louise de la Miséricorde. Elle s’éteint le 6 juin 1710 après 35 ans de vie religieuse.

 

 

Une jeunesse heureuse.- Françoise-Louise, appelée Louise, est née à Tours le 6 août 1644 dans une famille de petite noblesse. Elle passe son enfance à Reugny dans la campagne tourangelle où elle reçoit une éducation soignée. Après le décès de son père en 1651, sa mère se remarie avec le premier maître d’hôtel de Gaston d’Orléans. Après avoir passé sa vie à comploter contre son frère Louis XIII et à attiser la fronde contre son neveu Louis XIV, Gaston d’Orléans, s’est installé à Blois dans une retraite-exil. Une petite cour s’est formée autour de son épouse Marguerite de Lorraine et de ses trois filles, Marguerite-Louise d’Orléans, Elisabeth dite Melle d’Alençon, et Françoise-Madeleine dite Melle de Valois. Parmi les demoiselles d’honneur, Louise de La Vallière apprend les bonnes manières et parfait son éducation.

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La Gazette de Soracha n° 12 – Martyre de Blandine en 177 à Lyon

Le martyre de Blandine, esclave chrétienne, a lieu du 1er au 3 août 177 dans l’amphithéâtre à Lyon.

Lion. Détail de l'Afrique. Versailles

Lion léchant le pied d’une femme. Détail de la statue L’Afrique de Sybraique et Cornu, parterre du Nord, Jardins de Versailles. ©Le Rat/Soracha.

Le christianisme a très probablement pénétré en Gaule méridionale dès le Ier siècle. Le premier témoignage de l’existence d’une communauté chrétienne à Lyon date de 177 : c’est la Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie. Cette lettre, envoyée en Asie Mineure, a été rédigée par un anonyme relatant la persécution dont ces chrétiens furent victimes avec leur premier évêque Pothin.

Des copies de cette lettre ont circulé en Orient et l’une d’entre elles a été conservée dans la bibliothèque chrétienne de Césarée de Palestine et a été publiée, en l’an 300 environ, par Eusèbe, prêtre de cette ville, dans son Histoire ecclésiastique (V, I, 3-63 ; 2, 1-8 ; 3, 1-3).

En 177, l’empereur Marc Aurèle prend un rescrit contre les chrétiens et ordonne de punir ceux qui troublent le peuple par l’introduction de nouveaux cultes. Les arrestations se multiplient dans la communauté à Lyon :

« Tout d’abord, ils endurèrent généreusement les sévices que la foule ameutée multipliait contre eux. Hués, frappés, traînés à terre, dépouillés, lapidés, séquestrés, ils subirent tout ce qu’une populace enragée se plaît à infliger à des adversaires et à des ennemis. Puis on les fit monter au forum. Interrogés devant le peuple par le tribun et les premiers magistrats de la ville, ils confessèrent leur foi ; ils furent ensuite enfermés dans la prison jusqu’à l’arrivée du légat. Plus tard, ils furent conduits devant le légat et cet homme usa de toute la cruauté habituelle à notre égard ».

Eusèbe n’a transmis dans ses extraits que neufs noms de martyrs, parmi lesquels l’évêque Pothin, âgé de 90 ans qui meurt en prison, et Blandine, jeune esclave, qui ne se renie pas et est envoyée dans l’amphithéâtre.

Dans le grand sanctuaire des Trois-Gaules situé au sommet de la colline de la Croix-Rousse, les délégués des 60 peuples gaulois se réunissent, à compter du 1er août de chaque année, en l’honneur du culte impérial. L’amphithéâtre sert de cadre aux jeux donnés à cette occasion. Les délégués prennent place aux premiers rangs et le grand-prêtre des Trois Gaules siège dans la loge d’honneur.

C’est à l’occasion des jeux donnés les 1er, 2 et 3 août 177 qu’eut lieu le martyre de Blandine :

Le premier jour, Blandine « fut suspendue à un poteau et exposée pour être la pâture des bêtes lâchées contre elle … et ce jour-là, aucune des bêtes ne la toucha ; elle fut détachée du poteau, ramenée dans la prison et gardée pour un autre combat » (Eusèbe, Hist. Eccl., V, 1, 41-42).

Le troisième jour, dernier jour des jeux, Blandine est à nouveau conduite dans l’arène : « Après les fouets, après les fauves, après le gril, elle fut finalement jetée dans un filet et livrée à un taureau. Longtemps elle fut projetée par l’animal, mais elle ne sentait rien de ce qui lui arrivait, à cause de l’espérance et de l’attente de ce en quoi elle avait cru et de sa conversion avec le Christ : elle fut sacrifiée elle aussi ; et les païens eux-mêmes avouaient que jamais chez eux une femme n’avait souffert d’aussi grandes et d’aussi nombreuses tortures » (Eusèbe, Hist. Eccl., V, 1, 56).

 

 

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La Gazette de Soracha – n° 11 – Manière de montrer les jardins

Des manières de montrer les Jardins de Versailles

La première version de la Manière de montrer les jardins de Versailles est tracée par Louis XIV le 19 juillet 1689 à 6 heures du soir, à l’occasion de la visite de la reine d’Angleterre Marie-Béatrix d’Este, épouse de Jacques II, en exil en France.

Plan des jardins de Versailles.

« Mardi 19 – La Reine d’Angleterre vint ici voir les eaux, dont elle n’avait vu que la moindre partie. En l’attendant le Roi fit faire l’exercice à ses mousquetaires dans la cour ; il y eut une grande collation au Marais et une autre aux Trois-Fontaines. La Reine partit de la fontaine de Neptune » (Dangeau).

La première version de la Manière de montrer les jardins de Versailles – sur les six rédigées entre 1689 et 1705 par Louis XIV –  est aussi la plus courte.

Suivez le  parcours en visualisant les bosquets et bassins tels qu’ils sont aujourd’hui. Bonne promenade!

 

« En sortant des bains [c’est-à-dire du château], aller sur le milieu de l’Orangerie [Orangerie aujourd’hui] ; après du côté du Labyrinthe [bosquet de la reine aujourd’hui], y faire une pause pour considérer les orangers et le château.

Passer sur le haut de Latone [bassin de Latone aujourd’hui], y faire une pause, aller au Marais [Bosquet des bains d’Apollon aujourd’hui], où il y aura du fruit et des glaces. Descendre à Cérès [Bassin de Cérès aujourd’hui] et à Flore [Bassin de Flore aujourd’hui].

Entrer aux bains d’Apollon [Bosquet des Dômes aujourd’hui], en faire le tour. Aller à l’Encellade [Bosquet de l’Encelade aujourd’hui], sortir par en bas pour aller à la salle du Conseil [Bosquet de l’Obélisque aujourd’hui].

Revenir passer à Flore [Bassin de Flore aujourd’hui]. Entrer à la Montagne [Bosquet de l’Étoile aujourd’hui]. Aller au Théâtre [Bosquet du Théâtre d’eau aujourd’hui] passant par Cérès. [Bassin de Cérès aujourd’hui] Venir repasser devant le Marais [Bosquet des bains d’Apollon aujourd’hui] sans y entrer.

Aller aux trois fontaines [Bosquet des Trois Fontaines aujourd’hui] par le haut, y faire trouver des glaces. Descendre pour aller à Neptune [Bassin de Neptune aujourd’hui], faire le tour du Dragon [Le Dragon aujourd’hui]. Entrer à l’arc de triomphe [Bosquet de l’arc de Triomphe aujourd’hui].

Repasser à Neptune [Bassin de Neptune aujourd’hui], faire le tour en dehors, faire trouver les carrosses à la grille qui va à Trianon “.

Ce premier parcours ne comprend que le Parterre d’Eau et les bosquets de la partie nord du Parc. Louis XIV  ignore  les sculptures et vases qui ornent le parc pour ne décrire que  des lieux et  l’atmosphère de grandeur qui émane de ces lieux.

 

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La Gazette de Soracha – n°10 – Louis XIV à Sceaux, 12 juillet 1677

Le 12 juillet 1677, Colbert reçoit Louis XIV dans sa belle demeure de Sceaux.

Sceaux

Sceaux au coucher de soleil. ©Le Rat/Soracha.

Le château a été aménagé par Le Brun et les jardins par Le Nôtre. Recevoir le roi-soleil est un exercice périlleux : chacun a en mémoire la réception du roi par Fouquet à Vaux-le-Vicomte et la disgrâce de l’Intendant des finances. Colbert s’en sort admirablement: visite des appartements d’abord où règne la propreté – ce qui est rare à l’époque -, promenade dans les jardins magnifiques où est joué le prologue de l’opéra Hermione de Lully, souper et feu d’artifice, puis représentation de Phèdre de Racine dans l’Orangerie avec des décors de Le Brun.

En sortant, le roi voit toute la population qui l’acclame. Et pour cause, Colbert a pris soin d’annoncer le matin matin qu’il prendra à sa charge la moitié de l’impôt (la Taille) pour l’année.

Louis XIV dit à son ministre qu’il ne s’est jamais autant diverti.

“Une fête somptueuse, sans faste et abondante en toutes choses sans qu’il y eut rien de superflu” (Le Mercure galant, 31 juillet 1677, p. 140-148).

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La Gazette de Soracha – n° spécial – Divertissements de 1674

Divertissements de Versailles donnés par Louis XIV du 4 juillet au 31 août 1674 à l’occasion de la conquête de la Franche-Comté.

Bosquet theatre deau

Bosquet du Théâtre d’eau – Domaine de Versailles. ©Le Rat/ Soracha

Après la fête des Plaisirs de l’île enchantée de 1664 et le Grand Divertissement de 1668, le divertissement de 1674 est le troisième et dernier des grands divertissements donnés par Louis XIV, extraordinaire par sa magnificence et son luxe.

4 juillet 1674 : pour la première journée, les invités du roi-soleil ont assisté à la représentation d’Alceste de Lully dans la cour de marbre avant de faire medianoche.


Au cours de la deuxième journée – 11 juillet 1674 -, les invités entendent et admirent L’Eglogue de Versailles de Quinault et Lully avant de prendre une collation dans un bosquet.

« Le 11, leurs Majestés accompagnées de Monseigneur le Dauphin, de Monsieur, de Madame, et de toute la Cour, prirent ici le divertissement de l’Eglogue en musique, dans les allées du Trianon : d’où elles retournèrent à la promenade au Parc, sur les dix heures du soir, puis se rendirent à la salle des Banquets, où la collation était préparée avec beaucoup de magnificence » (Gazette, n°83, 14 juillet 1674, p. 678).

Au cours de la troisième journée – 19 juillet 1674 – le roi donne une collation à la Ménagerie. Les invités traversent le Grand Canal en gondoles et assistent à une représentation du Malade imaginaire de Molière devant la grotte de Thétis.