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La colombe et la fourmi

Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde :

On a souvent besoin d’un plus petit que soi.
De cette vérité deux Fables feront foi
Tant la chose en preuves abonde.

Le lion et le rat : lire.

L’autre exemple est tiré d’animaux plus petits.

Le long d’un clair ruisseau buvait une colombe.
Quand sur l’eau se penchant une fourmis y tombe;
Et dans cet océan l’on eût vu la fourmis
S’efforcer, mais en vain, de regagner la rive.

La colombe aussitôt usa de charité:

Un brin d’herbe dans l’eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire où la fourmis arrive.
Elle se sauve; et là-dessus
Passe un certain croquant qui marchait les pieds nus.
Ce croquant par hasard avait une arbalète.
Dès qu’il voit l’oiseau de Vénus,
Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
Tandis qu’à le tuer mon villageois s’apprête;
La fourmis le pique au talon.
Le vilain retourne la tête.
La colombe l’entend, part, et tire de long.
Le souper du croquant avec elle s’envole;
Point de pigeon pour une obole.

Jean de La Fontaine Livre II, fable 12

La colombe et la fourmi

La colombe et la fourmi. J.-B. Oudry Source : Gallica.bnf.fr/BnF

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