Hommage à Howard Phillips Lovecraft,
décédé le 15 mars 1937
Azathoth

Camélias rouges. ©LeRat/Soracha
Camélias rouges. ©LeRat/Soracha
Perrault, Contes de fées, Paris, Delarue, 1867. Source : gallica.bnf.fr/
Et en disant ces mots, ce méchant Loup se jeta sur le petit Chaperon Rouge, et la mangea.”
Source : Perrault, Contes de fées, Paris, Delarue, 1867. Illustration Henri Emy.
Source : gallica.bnf.fr /
L’âne et ses maîtres. 1ère planche. fable illustrée par J.-B. Oudry, Dessaint et Saillant, 1755, gallica.bnf.fr/BnF.
De ce qu’on le faisait lever devant l’aurore.
“Les coqs, lui disait-il, ont beau chanter matin;
Je suis plus matineux encore.
Et pourquoi? Pour porter des herbes au marché.
Belle nécessité d’interrompre mon somme!
Le Sort de sa plainte touché,
Lui donne un autre maître; et l’animal de somme
Passe du jardinier aux mains d’un corroyeur.
L’âne et ses maîtres. 2ème planche, fable illustrée par J.-B. Oudry, Dessaint et Saillant, 1755, gallica.bnf.fr/BnF.
Eurent bientôt choqué l’impertinente bête.
“J’ai regret, disait-il, à mon premier seigneur.
Encor quand il tournait la tête,
J’attrapais, s’il m’en souvient bien,
Quelque morceau de chou qui ne me coûtait rien.
Mais ici, point d’aubaine; ou si j’en ai quelqu’une,
C’est de coups.” Il obtint changement de fortune,
Et sur l’état d’un charbonnier
Il fut couché tout le dernier.
Autre plainte. “Quoi donc! dit le Sort en colère,
Ce baudet-ci m’occupe autant
Que cent monarques pourraient faire.
Croit-il être le seul qui ne soit pas content?
N’ai-je en l’esprit que son affaire?”
Notre condition jamais ne nous contente;
La pire est toujours la présente.
Nous fatiguons le Ciel à force de placets.
Qu’à chacun Jupiter accorde sa requête,
Nous lui romprons encor la tête.
Source : La Fontaine, œuvres complètes, L’Intégrale/Seuil, 1965
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L’âne portant des reliques. J.-B. Oudry. Source : gallica.bnf.fr/BnF
S’imagina qu’on l’adorait.
Dans ce penser il se carrait,
Recevant comme siens l’encens et les cantiques.
“Maître baudet, ôtez-vous de l’esprit
Une vanité si folle.
Ce n’est pas vous, c’est l’idole
A qui cet honneur se rend,
Et que la gloire en est due.”
D’un magistrat ignorant
C’est la robe qu’on salue.
L’amour et la folie,fable illustrée par J.-B. Oudry, Dessaint et Saillant, 1755, gallica.bnf.fr/BnF
Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance.
Ce n’est pas l’ouvrage d’un jour
Que d’épuiser cette science.
Mon but est seulement de dire à ma manière
Comment l’aveugle que voici
(C’est un dieu), comment dis-je, il perdit la lumière;
Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien;
J’en fais juge un amant, et ne décide rien.
Celui-ci n’était pas encor privé des yeux.
Une dispute vint : l’Amour veut qu’on assemble
Là-dessus le conseil des dieux.
L’autre n’eut pas la patience;
Elle lui donne un coup si furieux
Qu’il en perd la clarté des cieux.
Vénus en demande vengeance.
Les dieux en furent étourdis,
Et Jupiter, et Némésis,
Et les juges d’enfer, enfin toute la bande.
Elle représenta l’énormité du cas.
Son fils sans un bâton ne pouvait faire un pas.
Nulle peine n’était pour ce crime assez grande.
Le dommage devait être aussi réparé.
Quand on eut bien considéré
L’intérêt du public, celui de la partie,
Le résultant enfin de la suprême cour
Fut de condamner la Folie
A servir de guide à l’Amour.
Source : La Fontaine, œuvres complètes, L’Intégrale/Seuil, 1965
Le cheval et l’âne. J.-B. Oudry. Source : gallica.bnf.fr/BnF
Si ton voisin vient à mourir.
C’est sur toi que le fardeau tombe.
Françoise-Athénaïs de Mortemart, Madame de Montespan Source : wikicommons.
Lorsque le genre humain de gland se contentait,
Âne, cheval, et mule aux forêts habitaient;
Et l’on ne voyait point, comme au siècle où nous sommes,
Tant de selles et tant de bâts,
Tant de harnais pour les combats,
Tant de chaises, tant de carrosses;
Comme aussi ne voyait-on pas
Tant de festins et tant de noces.
Avec un cerf plein de vitesse:
Et ne pouvant l’attraper en courant,
Il eut recours à l’homme, implora son adresse.
L’homme lui mit un frein, lui sauta sur le dos,
Ne lui donna point de repos
Que le cerf ne fût pris et n’y laissât la vie.
Et cela fait, le cheval remercie
L’homme son bienfaiteur, disant : “Je suis à vous,
Adieu. Je m’en retourne en mon séjour sauvage.
– Non pas cela, dit l’homme, il fait meilleur chez nous;
Je vois trop quel est votre usage.
Demeurez donc, vous serez bien traité,
Et jusqu’au entre en la litière.”
Quand on n’a pas la liberté?
Le cheval s”perçut qu’il avait fait folie;
Mais il n’était plus temps: déjà son écurie
Était prête et toute bâtie.
Il y mourut en traînant son lien.
Sage s’il eût remis une légère offense.
Quel que soit le plaisir que cause la vengeance,
C’est l’acheter trop cheer, que l’acheter d’un bien
Sans qui les autres ne sont rien.
Le cheval s’étant voulu venger du cerf. J.-B. Oudry. Source: Gallica.bnf.fr/BnF
Le soleil et les grenouilles. J.-B. Oudry. Source: Gallica.Bnf.fr/BnF
Noyait son souci dans les pots.
Ésope seul trouvait que les gens étaient sots
De témoigner de tant d’allégresse.
“Le soleil, disait-il, eut dessein autrefois
De songer à l’hyménée.
Aussitôt on ouït d’une commune voix
Se plaindre de leur destinée
Les citoyennes des étangs.
“Que ferons-nous s’il lui vient des enfants?
Dirent-elles au Sort, un seul soleil à peine
Se peut souffrir. Une demi-douzaine
Mettra la mer à sec, et tous ses habitants.
Adieu joncs et marais: notre race est détruite.
Bientôt on la verra réduite
A l’eau du Styx.” Pour un pauvre animal,
Grenouilles, à mon sens, ne raisonnaient pas mal.
De l’état démocratique,
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique.
Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique;
Ce roi fit toutefois un tel bruit en tombant
Que la gent marécageuse,
Gent fort sotte et fort peureuse,
S’alla cacher sous les eaux,
Dans les joncs, dans les roseaux,
Dans les trous du marécage,
Sans oser de longtemps regarder au visage
Celui qu’elles croyaient être un géant nouveau;
Or c’était un soliveau,
De qui la gravité fit peur à la première
Qui, de le voir s’aventurant,
Osa bien quitter sa tanière.
Elle approcha, mais en tremblant.
Une autre la suivit, une autre en fit autant,
Il en vint une fourmilière;
Et leur trope à la fin se rendit familière
Jusqu’à sauter sur l’épaule du roi.
Le bon sire le souffre, et se tient toujours coi.
“Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui remue.”
Le monarque des dieux leur envoie une grue,
Qui les croque, qui les tue,
Qui les gobe à son plaisir.
Et grenouilles de se plaindre;
Et Jupin de leur dire : “Et quoi! votre désir
A ses lois croit-il nous astreindre?
Vous avez dû premièrement
Garder votre gouvernement;
Mais, ne l’ayant pas fait, il vous devait suffire
Que votre premier roi fût débonnaire et doux:
De celui-ci contentez-vous,
De peur d’en rencontrer un pire.”
Les grenouilles qui demandent un roi. J.-B. Oudry. Source: Gallica.bnf.fr/BnF