Sur les traces de Saint-Louis et de Blanche de Castille
Promenade romantique
Bat, Le Rat et Pompona vous invitent à découvrir les ruines de l’abbaye cistercienne du Lys, située à Dammarie-les-Lys, près de Melun, à la lisière de la forêt de Fontainebleau.
Nombreuses sont les ruines d’abbayes en Île-de-France, lieux de magnifiques promenades que Bat, Le Rat et Pompona vous invitent à découvrir.
Durant tout le Moyen Age, les monastères et les abbayes se multiplient en Occident. Ils sont tous régis par des règles de vie, fondées sur l’obéissance au chef de la communauté et à une discipline de vie ordonnée autour de la prière et du travail.
Proposée par Benoît de Nursie, fondateur du monastère du Mont-Cassin en 529, la règle de Saint-Benoît répartit harmonieusement le travail manuel, le travail intellectuel, dans l’emploi du temps des moines. L’ordre bénédictin connaît ainsi un grand essor et s’impose dans le monde occidental.
Abbé du Languedoc au IXe siècle, Benoît d’Aniane poursuit l’expansion de l’ordre bénédictin. Deux réformes donnent ensuite naissance à deux nouvelles branches :
- l’ordre des Clunisiens, installés à Cluny en Bourgogne à la fin du Xe siècle, dont l’abbaye va devenir au cours des siècles suivants un immense empire monastique, indépendant et tentaculaire, disparu à la Révolution ;
- l’ordre des Cisterciens au XIIe siècle, sous l’autorité de Bernard de Clairvaux (1090-1153), fondateur de l’abbaye éponyme, située en Champagne – qui reproche à l’ordre de Cluny un manque d’ascétisme dans sa conduite, dans l’art et dans la liturgie et prône un éloignement du monde.
« Les murs de l’église resplendissent, mais les pauvres souffrent […] Ses pierres sont couvertes d’or, mais ses enfants sont nus […] Que viennent faire dans vos cloîtres où les religieux s’adonnent aux saintes lectures, ces monstres grotesques, ces extraordinaires beauté difformes et ces belles difformités ? Si toutes ces inepties ne provoquent pas la honte, du moins devrait-on reculer devant la dépense ! » (Apologie adressée en 1124 par Bernard de Clairvaux à Guillaume, abbé de Saint-Thierry, près de Reims).
Au XIIIe siècle, trois grandes abbayes cisterciennes, richement dotées par le roi Louis IX – Saint-Louis -, ou par sa mère Blanche de Castille, protectrice de l’ordre des cisterciens, sont construites en Île-de-France : Royaumont, située près d’Asnières-sur-Oise, fondée en 1228 en exécution du testament de Louis VIII, père de Saint-Louis, Maubuisson située près de Pontoise, créée en 1236 – où Blanche de Castille est ensevelie à sa mort en 1252 – et l’abbaye du Lys bâtie de 1244 à 1248.
Dès 1248, des moniales venues de l’abbaye de femmes de Maubuisson s’installent dans l’abbaye du Lys. Parmi elles, Alix de Vienne, entrée dans les ordres après le décès de son époux et parente de Blanche de Castille, devient la première abbesse de l’abbaye jusqu’à sa mort en 1260. D’importantes donations sont faites à cette abbaye cistercienne de femmes qui devient très prospère. En 1251, la reine Blanche constitue « à ses chères filles du Lys » des rentes sur la prévôté d’Etampes – enregistrées sur une charte de Louis IX datée du camp de Césarée. En 1253, le cœur de Blanche de Castille y est déposé. Et quelques années plus tard, Philippe IV le Bel donne au trésor de l’abbaye le cilice de Saint-Louis – partagé en trois, il est aujourd’hui conservé dans l’église Saint-Aspais de Melun, dans la cathédrale de Meaux et une petite partie a été donnée à l’église paroissiale de Dammarie – ainsi que deux os d’un bras du roi et la cassette ornée d’émaux fleurdelysés dans laquelle le roi enfermait ses aumônes – dite « cassette de Saint-Louis” aujourd’hui conservée au Musée du Louvre -.
Détruite au XIVe siècle, l’abbaye est reconstruite en 1644 par l’abbesse Marguerite-Marie de La Trémoille. Les reliques attirent alors les pèlerins de fort loin. On raconte qu’en visite à l’abbaye, la reine Christine de Suède aurait demandé aux religieuses : « avec des vœux, pourquoi des grilles et avec des grilles, pourquoi des vœux ? » Vendue en 1792, devenue dépôt de boeufs, l’abbaye est démolie en 1796.
De nos jours, il faut faire preuve d’imagination pour rebâtir cette abbaye prospère et faire revivre la vie des moniales dont la journée était rythmée par les activités spirituelles et liturgiques.
Il ne reste plus aujourd’hui qu’une partie du chœur de l’église, le transept saillant et deux chapelles … ainsi qu’une plaque tombale avec une fleur de lys.
Havre de paix au cœur d’un agréable parc, ces magnifiques ruines invitent à la mélancolie ou à la méditation.
Sources : J. Berlioz, Moines et religieux au Moyen Age, Points Histoire; ss. la dir. de J.-M. Pérouse de Montclos, Guide du patrimoine, Hachette; Guide de l’Île-de-France mystérieuse, Guides noirs, Tchou éditeur; G. Pillement, Les environs de Paris inconnus.
Les flâneries de Soracha – n°7 : Hommage à Eugène Viollet-le-Duc
A la recherche d’Eugène Viollet-le-Duc.
En hommage à Eugène Viollet-le-Duc né le 27 janvier 1814, Bat, Le Rat et Pompona sont partis sur les traces de l’architecte à travers Paris.
Première étape : 1, rue Chabanais. C’est en effet dans l’appartement du 2e étage de cet immeuble situé à l’angle de la rue Chabanais et de la rue des petits-champs qu’Eugène Viollet le Duc est né le 27 janvier 1814 à 21 heures.
Emmanuel Viollet le Duc a épousé Eugénie Delécluze le 18 janvier 1810 et le couple s’est installé dans cet immeuble construit par le père d’Eugénie, l’architecte Jean-Baptiste Delécluze, décédé le 27 janvier 1806. L’immeuble “Delécluze” abrite toute la famille : aux 5e et 4e étages vit, dans son “donjon” comme il le nomme, le frère d’Eugénie: Etienne Délécluze, peintre et journaliste; au 3e étage, la soeur : Sophie et son mari Antoine Clérambourg, fonctionnaire au Ministère des Finances. Le 1er étage est occupé par la veuve et son second mari, Louis Foin. Le jeune Eugène passe là sa petite enfance avec son frère, Adolphe, né le 7 novembre 1817.
En septembre 1825, il est inscrit à la pension Morin, située à Fontenay-aux-Roses, puis revient à Paris au Collège Bourbon – le lycée Condorcet aujourd’hui – où il décroche son baccalauréat à 16 ans et demi.
Deuxième étape : l’Ecole des Beaux-Arts. Excellent dessinateur et marqué par le De Architectura de Vitruve, Eugène choisit de devenir architecte. Il fait d’abord un stage chez un ami de la famille, l’architecte Jean-Jacques Huvé, puis travaille dans l’atelier de l’architecte Achille Leclère, premier prix de Rome, élu à l’Académie des beaux-arts en 1831. Mais il refuse catégoriquement d’entrer à l’Ecole des beaux-arts: “l’école est un moule à architectes; ils en sortent presque tous semblables” écrit-il dans son journal. Il préfère se former en voyageant à travers la France, d’abord avec son oncle Etienne au cours de l’année 1831, puis avec son ami Emile Millet de mai à septembre 1833. De 1836 à 1837, il effectue le “voyage en Italie” selon la tradition artistique, accompagné de Jean Gaucherel, puis de sa femme, Elisabeth.
Troisième étape : la Sainte-Chapelle. Depuis avril 1834, Prosper Mérimée, ami intime de la famille, est inspecteur général des Monuments historiques; il a pour mission de classer les édifices et d’y entreprendre des travaux de conservation, voire de rénovation si nécessaire. En novembre 1837, Mérimée devient secrétaire de la Commission des Monuments historiques qui vient d’être créée et envoie l’année suivante Viollet-le-Duc – qui se fait désormais appelé ainsi et a ajouté des tirets à son nom – en mission en Bourgogne et dans le sud de la France, lui confie la restauration de la cathédrale Saint-Just de Narbonne puis la restauration de Vézelay en 1840. Le 4 novembre 1840, Viollet-le-Duc est nommé deuxième inspecteur à l’agence des travaux de la Sainte-Chapelle. Viollet-le-Duc enchaîne les missions d’expertises et d’intervention, devient chef de bureau des Monuments historiques en 1846. Bourreau de travail, il participe à la restauration de quantité de monuments jusqu’à sa mort le 17 septembre 1879.
Quatrième étape : Notre-Dame de Paris. Viollet-le-Duc est passionné par la période médiévale. En 1843, il dépose avec l’architecte Lassus un projet au concours de restauration de Notre-Dame. En 1845, Lassus et Viollet-le-Duc sont choisis. Alors que les deux architectes avaient insisté sur la nécessité de conserver l’édifice par des “restaurations prudentes”, Lassus et Viollet-le-Duc vont de plus en plus inventer au fur et à mesure de l’avancée des travaux. Après le décès de Lassus en 1857, Viollet-le-Duc invente la Galerie des Chimères et son célèbre Stryge, pour retrouver l’esprit du XIIIe siècle. Il ajoute également la flèche et la statuaire qui l’accompagne qui n’a jamais existé précédemment.
Restaurer ou reconstruire?
Les Flâneries de Soracha n° 6 : hommage à Oronce Fine
Hommage à Oronce Fine (1494-1555)
Une flânerie dans le 5e arrondissement de Paris
Tout a commencé par un petit coin de verdure où l’entretien du lieu semble laissé à la fantaisie de Dame Nature. Au centre, un minuscule bassin est presque envahi par les herbes. Entouré de grilles, le square est fermé; promeneur, passe ton chemin. Car il s’agit bien d’un square – comme l’indique son nom – : square Oronce Fine (Paris, 5e).
Partons sur les traces d’Oronce Fine…
Oronce Fine est né le 20 décembre 1494 à Briançon d’un père médecin passionné d’astrologie : il a même construit un appareil pour observer les mouvements des planètes. Orphelin très jeune, l’enfant est envoyé à Paris chez un compatriote – Antoine Silvestre – qui enseigne les belles lettres au collège de Montaigu.
Notre première étape nous conduit au collège de Navarre où le jeune Oronce fait ses études. Excellent élève, le jeune homme se passionne pour les mathématiques qu’il étudie dans les livres car elles sont alors peu enseignées.
Fondé en 1304 par Jeanne de Navarre, l’épouse de Philippe le Bel, le collège de Navarre est l’un des célèbres collèges installés le long de l’actuelle rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Supprimé à la Révolution, il est remplacé par l’école centrale des travaux publics créée le 11 mars 1794 par la Convention, sous l’influence du mathématicien Gaspard Monge, laquelle devient en 1795 l’Ecole Polytechnique. Nous pouvons encore voir le portail d’entrée construit en 1838 au n°5 de la rue Descartes.
Notre deuxième étape nous conduit au Collège de France. Pour vivre, Oronce devient correcteur d’imprimerie, au service des éditeurs. Presque toutes les publications se font à cette époque en latin. Fine dessine également les figures dans les livres qu’ils “corrigent”: en 1515, il collabore ainsi au Theoricae novae planetarum, id est septem errantium syderum du mathématicien et astronome Georg Peurbach. En 1516, Oronce Fine devient professeur de mathématiques au collège de Navarre. Dix ans plus tard, il publie son premier traité d’astronomie : Aequatorium planetarum unico instrumente comprenhensum.
En 1531, Fine défend les mathématiques dans son Epistre exhortative touchant la perfection et commodite des arts liberault mathematiques qu’il dédie au roi. Il souhaite que l’enseignement des mathématiques se répande au-delà des universités. En réponse, François Ier le nomme lecteur royal et lui confie une chaire de mathématiques au Collège de France.
Fine écrit la première version de son ouvrage Protomathesis, considéré comme un recueil encyclopédique des savoirs. Il s’agit de 4 traités illustrés comprenant des livres d’arithmétiques, de cosmographie, de géométrie et de gnomonique – l’art de construire des cadrans solaires.
Fine invente aussi des instruments mathématiques, tel le “carré géométrique” qu’il présente dans son ouvrage Un bref et singulier Traicté touchant la composition et usage d’un instrument appelé le quarré géométrique.
Notre troisième étape nous conduit à la Bibliothèque Sainte-Geneviève où se trouve, depuis 1969, la plus ancienne horloge planétaire sur les cinq conservées. L’horloge a été construite en partie par Oronce Fine pour le cardinal de Lorraine en 1553 comme en témoigne l’inscription sur le cadran astrolabique. Les faces strictement planétaires sont plus anciennes remontent probablement au début du XVIe siècle ou aux dernières années du XVe siècle. A sa mort, le cardinal de Lorraine en fit don à la bibliothèque des Génovéfains de l’Abbaye Sainte-Geneviève.
L’horloge d’Oronce Fine est une tour pentagonale montée sur un grand piédestal de bois sculpté représentant cinq greffons dressés autour d’une colonne, surmontée d’un globe céleste qui tourne selon le mouvement quotidien de la sphère des fixes. Cinq faces de la tour sont affectées aux cadrans : l’une porte le cadran solaire et le cadran astrolabique modifiés par Oronce Fine, les autres les cadrans planétaires.
Une horloge planétaire représente le mouvement de la voûte planétaire, conçue par l’astronomie à la fin du Moyen Âge. Ce n’est pas un instrument scientifique; elle a pour but de faire apprécier la compétence des astronomes et des horlogers à un public ignorant l’harmonie des mouvements célestes, Elle doit émerveiller, instruire, étonner.
Notre dernière étape nous mène sur le site Gallica. Car Oronce Fine est aussi un cartographe. En 1525, il réalise la Nova totius Galliae descriptio, première carte de France de cette dimension.
En 1531, il crée une mappemonde bi-cordiforme Nova et integra universi orbis descriptio. Devant le succès de cette mappemonde, il en fait une autre en 1534-1535 en projection cordiforme Recens et integra orgis descriptio :
Selon la plaque apposée sur les grilles du square par la Société Fraternelle des Hautes Alpes, Oronce Fine aurait été aussi musicien – il aurait écrit une méthode pour enseigner le luth – et philologue.
Terminons cet hommage par ces vers écrits à sa mort:
Le corps en terre à la fin s’est rendu
D’Oronce mort. Mort ? c’est mal entendu ;
Il est là-haut apellé par les Dieux,
Pour avec eux vivre, et régir les cieux ;
Il est ravi sur la machine ronde
Pour mieux la voir et régler : en ce monde
Ne fut trouvé digne de telle charge
Autre vivant, tant fut il docte et sage.
Donc aux cieux son esprit s’est rendu :
Voilà pourquoi, hélas, l’avons perdu ».
Sources :
Oronce Fine sur Gallica;
Gallois L., La grande carte de France d’Oronce Fine, Annales de géographie, 1935, 250, p. 337-348; ,
Poulle E., « Les mécanisations de l’astronomie des épicycles : l’horloge d’Oronce Fine », communication à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, CR des séances, 118e année, n°1, 1974, p. 59-79
Les vrais pourtraits et vies des hommes illustres, 1584.
Les Flâneries de Soracha – n°5 : Hommage à Charles Perrault
En hommage à Charles Perrault (1628-1703)
En ce jour anniversaire, comment rendre hommage à Charles Perrault ? En relisant mes différents articles, Charles Perrault m’est soudain apparu comme un formidable « passeur de culture ».
Ami lecteur, c’est cette flânerie que je t’invite à partager.
Né le 12 janvier 1628 – voilà 390 ans cette année – et mort le 16 mai 1703, Charles Perrault reste connu pour ses Contes, publiés en 1697, dont il n’a pourtant jamais revendiqué la paternité. Le Petit Poucet, Le Chat Botté et bien d’autres demeurent ancrés dans notre mémoire.
Le Petit Chaperon rouge et Cendrillon font aussi penser à l’ouvrage de Bruno Bettelheim, paru en 1976, Psychanalyse des contes de fées, qui montre comment les histoires fantastiques servent l’imagination des enfants.
« Je trouvais plus de sens profond dans les contes de fées qu’on me racontait dans mon enfance que dans les vérités enseignées par la vie » aurait dit Schiller.
A Travers Paris : de la Colonnade du Louvre à l’Institut de France.
Le Louvre. – Au début des années 1660, Charles Perrault devient l’un des conseillers favoris de Colbert et le secrétaire de la Petite Académie, ce conseil de quatre personnes « pour toutes les choses dépendantes des belles lettres ». Il suit les travaux décidés par Louis XIV pour agrandir le Louvre – cour carrée aujourd’hui – et pour ajouter une façade du côté de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Le projet est difficile à concevoir car la façade de l’église n’est pas parallèle à celle du Louvre. Le roi fait venir à Paris le Bernin en 1665 pour présenter son projet. Le roi pose la première pierre de la façade le 17 octobre 1665. Le Bernin comblé d’honneurs et d’argent repart à Rome : « je lui portai [sic] moi-même et dans mes bras, pour lui faire plus d’honneur, 3000 louis d’or en trois sacs, avec un brevet de 12.000 liv. de pension par an et un de 1.200 liv. pour son fils » (Mémoires de ma vie).
Le projet est abandonné et finalement Claude Perrault, frère de Charles, remplace Le Vau dès 1668 sur l’intervention de Colbert. « Le dessein de Perrault, aussi Parisien, mérita la préférence, et a été exécuté avec un succès qui égale ce que les Grecs et les Romains ont fait élever de plus grand et de plus somptueux en édifice » (Charles Perrault). Ce qui fera dire à Boileau en 1676 : « Vous êtes, je l’avoue, ignorant médecin, mais non pas habile architecte ».
L’Institut de France. – De l’autre côté de la Seine, s’élève le « magnifique bâtiment du Collège des Quatre-nations, qui forme une grande place en tour creuse, dans le fond de laquelle est le portail de l’église de ce Collège, couronné d’un dôme très agréable, et tout le monument enrichi des plus beaux ornements de l’architecture et de la sculpture » (Charles Perrault).
C’est aujourd’hui le siège de l’Institut de France qui regroupe les cinq Académies dont l’Académie française. Charles Perrault y est élu le 23 décembre 1671 au fauteuil n°23. Sur les suggestions de Colbert, Perrault demande que les réceptions à l’Académie se fassent désormais en public.
En passant par les jardins de Versailles …
Le bosquet du Labyrinthe. – « Leurs Majestez entrèrent dans un Labyrinthe de plusieurs allées, au milieu desquels estoiyent dressées 4 grandes Tables » (Gazette du 20 juin 1665). S’agit-il vraiment du bosquet du Labyrinthe ? Peut-être pas. Mais une chose est sûre : quelques années plus tard, le bosquet du Labyrinthe est l’un des plus fabuleux du petit Parc de Versailles avec son parcours complexe pour s’y perdre agréablement, ses fontaines dotées de groupes sculptés, animaux de plomb illustrant divers épisodes des fables antiques, et ses effets hydrauliques. 23 fontaines du Labyrinthe illustrent des fables publiées dans les six premiers livres des Fables choisies et mises en vers par La Fontaine en 1668 qui ne fut pas associé à cette création. Charles Perrault pourrait être le véritable concepteur du Labyrinthe et l’auteur des quatre dernières fables. Il publie en 1675 Le Labyrinthe de Versailles qui comprend une description du programme iconographique du bosquet et 40 gravures de Sébastien Leclerc, enluminées à la gouache par Jacques Bailly.
Et en surfant sur Gallica
Ecrits. – Le 27 janvier 1687, Le siècle de Louis le Grand est lu à l’Académie française ; c’est le début de la querelle des Anciens et des Modernes. Entre 1696 et 1700, Perrault écrit Les hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle et je vous invite à lire ses portraits de La Fontaine et de Molière. Sans oublier bien sûr les contes : La Belle au bois dormant, publié dans le Mercure Galant en 1696 et les Contes du temps passé en 1697.
Ami lecteur, je dois te quitter maintenant.
Mes pas vont me porter vers la rue de l’Estrapade, près du Panthéon. Dans cette maison qu’il habitait avec son frère Claude, Charles Perrault est décédé le 16 mai 1703.
Entre réel et virtuel, ainsi se termine mon hommage à Charles Perrault.
Les Flâneries de Soracha – n°4 : Hommage printanier à Eugène Delacroix
A la recherche d’Eugène Delacroix.
En hommage à Eugène Delacroix né le 26 avril 1798, Bat, Le Rat et Pompona sont partis sur les traces du peintre à travers Paris.
Première étape : le Musée du Louvre. L’Exposition présentée jusqu’au 23 juillet 2018 “invite le public à faire connaissance avec une personnalité attachante, éprise de gloire et acharnée de travail, curieuse, critique et cultivée, virtuose de l’écriture autant que de la peinture et du dessin.” (dossier de presse)
Dans la foulée : ne manquez pas le parcours dans les salles du Musée du Louvre. Rendez-vous à la Galerie d’Apollon : levez le nez pour admirer Apollon vainqueur du serpent Python. Poursuivez votre visite, au 1er étage salle Mollien dans l’Aile Denon, pour contempler les deux grandes toiles de Delacroix La Mort de Sardanapale, La Prise de Constantinople ainsi que Le Christ au jardin des Oliviers habituellement exposé dans le transept de l’église Saint-Paul-Saint-Louis (4e). Terminez par le 2e étage de l’Aile Sully avec La Bataille de Poitiers, le Portrait de Chopin et l’une des versions ultérieures de Médée furieuse.
Deuxième étape : le Musée Delacroix (Paris 6e). Le Musée présente l’exposition “Une lutte moderne. De Delacroix à nos jours” dédiée aux peintures de la Chapelle des Saints-Anges à Saint Sulpice – La Lutte de Jacob avec l’ange, Héliodore chassé du temple, Saint Michel terrassant le démon -. Elle réunit également plusieurs des créations que l’œuvre de Delacroix a inspirées aux artistes des XIXe et XXe siècles.
Troisième étape : un repos bien mérité. Lisez la Critique de Soracha.
Quatrième étape : Avant de repartir battre le pavé parisien, lisez la Gazette de Soracha n°4. Découvrez l’amitié profonde et la grande admiration que lui portait son amie George Sand.
Cinquième étape : allez, nez au vent ! Promenez-vous – dans le Jardin du Luxembourg (Paris 6e) à la recherche du Monument à Delacroix et de la statue de sa grande amie George Sand. Vous préférez vous laisser guider? Le Rat et Pompona vous proposent diverses promenades pour petits et grands.
Terminez cet hommage printanier au Cimetière du Père-Lachaise pour vous recueillir sur la tombe de l’artiste. Et découvrez les autres amis de George Sand enterrés dans ce cimetière au cours d’une promenade tonique avec Bat la sorcière philosophe.
Les Flâneries de Soracha – n°3 : Cimetière du Père-Lachaise (Paris 20e) – une invitation à la “muserie”
A la recherche du temps perdu
Un lieu de mémoire, havre de paix bucolique à Paris
Un site touristique parisien incontournable.- Le cimetière du Père-Lachaise est classé par l’Office du Tourisme de Paris parmi les 10 monuments immanquables du patrimoine de Paris qui participent au rayonnement culturel de la capitale.
Un Lieu de recueillement.– Le cimetière du Père-Lachaise est le plus grand cimetière intra muros ; il couvre 44 ha et abrite 70.000 concessions. Vous pouvez encore aujourd’hui acheter une concession pour être enterré dans cette nécropole qui est aussi le plus grand espace vert de Paris.
Un peu d’histoire.– Le cimetière tient son nom du père jésuite François de La Chaise d’Aix (1624-1709). Confesseur du roi Louis XIV pendant presque 35 ans, surnommé par Madame de Montespan « La Chaize de commodité », l’homme avait – selon Madame Palatine – de longues oreilles, une grande bouche, une grosse tête, une figure longue, « l’air d’un âne » ! Et selon Saint-Simon, il était « d’un esprit médiocre ».
Le père de La Chaise résidait dans la résidence de repos des jésuites – ancien domaine de la Folie-Régnault que la compagnie de Jésus avait acheté en 1626 -, située sur une colline de Paris. Grâce aux dons du roi, il embellit la maison, l’agrandit par l’achat de la ferme des bauges, se fit construire une maison particulière avec de magnifiques jardins. Et la colline fut nommée Mont-Louis en 1652 en l’honneur de Louis XIV.
Livrée à la famille Baron en 1771, la propriété de Mont-Louis fut achetée en 1803 par la ville de Paris, à charge pour l’architecte Brongniart de la transformer en cimetière. Le Cimetière de l’Est fut ouvert aux inhumations le 1er prairial de l’an XII (21 mai 1804). Les inhumations dans cette nécropole étant peu nombreuses, la ville de Paris décide en 1817 d’y transférer les cercueils de Molière et de La Fontaine, « joli coup de com » dirait-on aujourd’hui. C’est chose faite le 6 mars 1817. Et huit mois plus tard, le 6 novembre 1817, le monument d’Héloïse et d’Abélard construit par Alexandre Lenoir est installé dans le cimetière. Dès lors, la renommée du cimetière du Père-Lachaise est faite.
Musset, Chopin, Balzac, Champollion, Oscar Wilde, Jim Morrison et tant d’autres … Abandonnez la recherche frénétique des tombes de célébrités, laissez vos smartphones dans vos poches et sacs, quittez les sentiers battus et promenez-vous au gré de votre inspiration.
Laissez-vous envahir par la sérénité des lieux, véritable havre de paix. Prenez le temps de regarder autour de vous, admirez les monuments funéraires, contemplez la nature. Laissez-vous imprégner par l’atmosphère, donnez libre cours à votre imagination, faites revivre les figures du passé. Vivez un moment magique inoubliable !
Sources : Sous la dir. de J. Bély, Dictionnaire de Louis XIV ; J. Hillairet, Connaissance du vieux Paris, éd. Princesses.
Les Flâneries de Soracha – n°2 : Trois clochers à travers Paris – Promenade inspirée de Clochi Clocha de Verlaine
Saint-Etienne du Mont, Saint-Nicolas du Chardonnet, Notre-Dame de Paris : auriez-vous imaginé faire une promenade à travers Paris inspirée d’un poème?
Telle est l’idée farfelue et amusante que vous propose Le Rat fouineur de culture. Suivez-le nez au vent !
Rendez vous sur la place Sainte-Geneviève devant l’Eglise Saint-Etienne du Mont à côté du Panthéon (Paris 5e). Puis descendez la rue de la Montagne Sainte-Geneviève jusqu’à la rue des Ecoles. Là, tournez à droite et prenez la première rue à gauche, la rue des Bernardins. Vous voici face à l’Eglise Saint-Nicolas du Chardonnet. Continuez la rue des Bernardins, en direction du boulevard Saint-Germain que vous traversez et poursuivez jusqu’à la Seine. Arrivés sur le quai de la Tournelle, vous voici devant l’une des belles vues de la cathédrale Notre-Dame, celle du Pont de l’archevêché.
Du Chardonnet bat un glas,
Et l’église Saint-Étienne
Du Mont lance à perdre haleine
Des carillons variés
Pour de jeunes mariés,
Tandis que la cathédrale
Notre-Dame de Paris,
Nuptiale et sépulcrale,
Bourdonne dans le ciel gris.
Ainsi la chance bourrue
Qui m’a logé dans la rue
Et l’on fait ce que l’on peut,
Surtout à l’endroit des cloches,
Quand on a peu dans ses poches
De cet or qui vous rend rois,
Et lorsque l’on déménage,
Vous permet de faire un choix
À l’abri d’un tel tapage.
Après tout, ce bruit n’est pas
Pour annoncer mon trépas
Ni mes noces. Lors, me plaindre
Est oiseux, n’ayant à craindre
De ce conflit de sonneurs
Grands malheurs ni gros bonheurs.
Faut en prendre l’habitude
C’est de la vie, aussi bien :
La voix douce et la voix rude
Se fondant en chant chrétien…
Notre Dame de Paris. © Soracha
Les Flâneries de Soracha – n°1 : Les Arènes de Lutèce
Découvrez le charme paisible des Arènes de Lutèce
Lieu de visite. – Le Rat et Pompona la Chatte apprécient le square des arènes de Lutèce, situé dans le 5e arrondissement de Paris, dans lequel se trouvent les vestiges de l’amphithéâtre à scène gallo-romain.
Déscription de la visite:
Le Rat et Pompona vous proposent chacun une fable de Soracha « Moi, Ratus Maximus, gladiateur » et « Lollia Pompona aux jeux de l’amphithéâtre » pour vous familiariser avec ce lieu de spectacles et de loisirs, très apprécié dans l’Antiquité romaine.
Aujourd’hui, il ne reste que quelques vestiges de l’amphithéâtre à scène construit au Ie siècle de notre ère qui était, à l’époque, presque aussi grand que les arènes de Nîmes. Quelques vestiges certes, mais parmi les plus anciens de la capitale, du temps où Paris s’appelait Lutèce.
Point de spectaculaire pour ce site historique, mais un charme indéniable qui invite à la « muserie ».
Hors des circuits touristiques, le square des Arènes de Lutèce, situé dans le Quartier Latin (5e arr. Paris) est une halte bien reposante : assis sur les gradins, vous pourrez contempler vestiges restaurés et alentours.
Les Arènes de Lutèce sont adossées à la rue Monge. On y entre soit par un passage situé au niveau du 49 de la rue Monge, creusé à la fin du XIXe siècle, qui mentionne la découverte des arènes en 1869 pour la partie nord et en 1883 pour la partie sud. Un casque de gladiateur, au sommet de l’entrée, nous rappelle que l’amphithéâtre accueillait les combats de gladiateurs.
On peut aussi entrer dans le square par la rue de Navarre ; descendez la longue allée jusqu’au centre de l’arène ou suivez les petits chemins pour monter au sommet des gradins et avoir une vue d’ensemble.
Des arbres extraordinaires ont poussé dans le square des arènes de Lutèce, tel ce Faux de Verzy, planté en 1905. Il s’agit d’un hêtre au tronc noueux et difforme, aux branches tordues entrelacées avec une cime en parasol.