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La Gazette de Soracha – n°15 – Madeleine de Scudéry

Madeleine de Scudéry est née le 15 novembre 1607 au Havre. C’était il y a 410 ans !

Madeleine de Scudéry, Ecole française, Bibliotheque Municipale, Le Havre.

“L’amour est un je-ne-sais-quoi, qui vient je-ne-sais-où et qui finit je-ne-sais-quand”.

Résumé. – Madeleine de Scudéry est une grande dame de la littérature française du XVIIe siècle, auteur du Grand Cyrus et de Clélie, deux best-sellers à l’époque. « La reine des précieuses », « nouvel oracle de la galanterie » (évêque Antoine Godeau), « institutrice des mœurs » (Sainte-Beuve), Madeleine de Scudéry est l’une des premières femmes de lettres modernes. Décrite comme « l’Universelle » par ses contemporains italiens, admirée par La Fontaine et par Leibniz, Madeleine de Scudéry n’est nullement « une femme sottement savante » comme les caricature Molière dans Les Précieuses ridicules (1659) et Les Femmes savantes (1672).

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Les Flâneries de Soracha – n°2 : Trois clochers à travers Paris – Promenade inspirée de Clochi Clocha de Verlaine

Saint-Etienne du Mont, Saint-Nicolas du Chardonnet, Notre-Dame de Paris : auriez-vous imaginé faire une promenade à travers Paris inspirée d’un poème?


Les trois personnages de Soracha.fr - Le Rat fouineur de culture

Telle est l’idée farfelue et amusante que vous propose Le Rat fouineur de culture. Suivez-le nez au vent !

Rendez vous sur la place Sainte-Geneviève devant l’Eglise Saint-Etienne du Mont à côté du Panthéon (Paris 5e). Puis descendez la rue de la Montagne Sainte-Geneviève jusqu’à la rue des Ecoles. Là, tournez à droite et prenez la première rue à gauche, la rue des Bernardins. Vous voici face à l’Eglise Saint-Nicolas du Chardonnet. Continuez la rue des Bernardins, en direction du boulevard Saint-Germain que vous traversez et poursuivez jusqu’à la Seine. Arrivés sur le quai de la Tournelle, vous voici devant l’une des belles vues de la cathédrale Notre-Dame, celle du Pont de l’archevêché.

 

 

Clocher de l’église Saint Nicolas du Chardonnet. © Soracha

Clocher de l’église Saint Etienne du Mont. © Soracha

 

Du Chardonnet bat un glas,
Et l’église Saint-Étienne
Du Mont lance à perdre haleine
Des carillons variés
Pour de jeunes mariés,
Tandis que la cathédrale
Notre-Dame de Paris,
Nuptiale et sépulcrale,
Bourdonne dans le ciel gris.
Ainsi la chance bourrue
Qui m’a logé dans la rue
Et l’on fait ce que l’on peut,
Surtout à l’endroit des cloches,

Quand on a peu dans ses poches
De cet or qui vous rend rois,
Et lorsque l’on déménage,
Vous permet de faire un choix
À l’abri d’un tel tapage.
Après tout, ce bruit n’est pas
Pour annoncer mon trépas
Ni mes noces. Lors, me plaindre
Est oiseux, n’ayant à craindre
De ce conflit de sonneurs
Grands malheurs ni gros bonheurs.
Faut en prendre l’habitude
C’est de la vie, aussi bien :
La voix douce et la voix rude
Se fondant en chant chrétien…

Notre Dame de Paris. © Soracha

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Journal de Bat – 20 octobre 2017

Ceci est mon Journal,
commencé dans la nuit du 20 août 2017

20 août 2017. Seule dans la nuit. …

20 octobre 2017. Le Grand-Duc est revenu. Je dormais paisiblement quand j’ai soudain entendu marcher sur le toit. Un pas lent et lourd. J’ai regardé par la lucarne et je l’ai vu ; il avançait vers moi et m’a tendu une nouvelle plume.

Il me faut écrire. Le Grand-Duc. Bubo bubo de son nom scientifique. Un flash : je me souviens. Autrefois, il y a bien longtemps, la chouette était le symbole de la déesse Athéna. Je me revois devant toi, Athéna Parthénos, magnifique monumentale statue chryséléphantine – faite d’or et d’ivoire – attribuée au sculpteur grec Phidias. A l’époque, déesse tutélaire de la cité d’Athènes – d’où le nom de la ville – tu étais installée dans une salle du Parthénon sur l’Acropole. J’aimais beaucoup ta statue. En la regardant fixement, je pouvais te rendre vivante. Alors, la tête de la gorgone Méduse et les serpents qui étaient représentés sur l’égide – une sorte de cuirasse -, les sphinge, griffons et chevaux ailés – des monstres comme disent les humains – prenaient vie et entamaient une sarabande endiablée l’espace d’un instant. Pouvoir de la magie ! Que j’aimais ce temps-là.

Que reste-t-il de toi aujourd’hui, ma chère déesse Athéna ? Quelques statues au Louvre : l’Athéna dite Pallas de Velletri, l’Athéna Mattei ou encore l’Athéna dite « Minerve Ingres », réplique romaine inspirée des créations de Phidias. Rien de plus.

Il me faut écrire. Bubo – la chouette en latin -, mon amie. Un flash : je me souviens. Tu as toujours été un oiseau de mauvais augure chez les auteurs anciens : Ovide, Sénèque, Dion Cassius … A cette époque, ton apparition ou ton cri s’accompagnait souvent de la manifestation de phénomènes extraordinaires – des présages comme disaient les humains -. Tu annonçais la mort, paraît-il. Croyance populaire humaine ! Mais ces pauvres mortels t’attribuent tout autant un rôle apotropaïque – qui conjugue le mauvais sort, qui vise à détourner les influences maléfiques -. Curieux comme face à certains pouvoirs, les humains ont toujours été désemparés.

Il me faut écrire. Il n’en est rien. Nous savons bien toutes les deux que ta présence annonce tout autre chose. Comme moi, tu hantes les tombeaux ; plus souvent que moi tu te tiens sur les tombes dans les cimetières. Mais je ne suis jamais loin, la nuit venue. Que j’aime tes grands yeux, ton regard fixe et pénétrant qui perce les ténèbres. Et oui ! Nous faisons toutes deux partie du monde de la nuit, des nyctalopes – ceux qui voient dans l’obscurité et dans la nuit – comme les rats et les chats.

Le Grand-Duc me regarde fixement. Il sait. Soudain, il écarte ses ailes et repart dans la nuit. Le clocher de Saint-Médard se découpe dans la nuit. Je regarde autour de moi : Pompona est si belle, roulée en boule, lourdement endormie. Elle sait que je veille. Le Rat est parti. Difficile de le retenir, la nuit venue. Il me faut tout noter. Si j’oublie, je pourrai relire ce que j’ai écrit et reprendre au commencement.

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“Les Fables” de Jean de la Fontaine – n°1 – Le Lion et le Rat

Le Lion et le Rat

Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde :
On a souvent besoin d’un plus petit que soi.

De cette vérité deux Fables feront foi
Tant la chose en preuves abonde.

Entre les pattes d’un Lion
Un Rat sortit de terre assez à l’étourdie.
Le Roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu’il était, et lui donna la vie.

Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu’un aurait-il jamais cru
Qu’un Lion d’un Rat eût affaire ?

Cependant il advint qu’au sortir des forêts
Ce Lion fut pris dans des rets,
Dont ses rugissements ne le purent défaire.
Sire Rat accourut, et fit tant par ses dents
Qu’une maille rongée emporta tout l’ouvrage.

Patience et longueur de temps 
Font plus que force ni que rage.

Jean de La Fontaine Livre II, 11

Le Lion et le Rat, J-B Oudry Source gallica .bnf.fr/BnF

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Journal de Bat

Ceci est mon Journal,
commencé dans la nuit du 20 août 2017

Seule dans la  nuit. A cette heure, le calme règne sur la rue Mouffetard.  Le Grand-Duc apparaît à la fenêtre et me tend une plume que je saisis d’une main fébrile.  Aussitôt, la feuille blanche posée devant moi se transforme en vieux parchemin et la plume se met à écrire : Journal de Bat la sorcière philosophe.

Il me faut écrire. En souhaitant rendre hommage à Lovecraft pour la date anniversaire de sa naissance, je crains que nous ayons, Le Rat, Pompona et moi, réveillé les Grands Anciens ou du moins les vieux démons. Le Rat a raison : Pompona me rappelle tellement les Précieuses. Elle ne voit la magie et l’occultisme que par le prisme de la littérature ; tout la divertit. Dans un des vieux grimoires bien rangés dans les combles, elle a trouvé une formule pour transformer la couleur des chats et veut absolument que j’essaye sur elle.

Un rat, une chatte, une sorcière : une trilogie parfaite pour restituer l’atmosphère si particulière de l’époque médiévale. Un rat et une chatte qui parlent,  meilleurs amis du monde  : J’ai bien senti que les vieux grimoires de magie noire frémissaient d’intérêt sur les étagères. Qu’avons-nous fait?

Il me faut écrire. J’ai fait des rêves peuplés de créatures étranges flottant dans les airs. Qui sont-elles? Je ne les ai pas reconnues. Le sommeil de la raison engendre les monstres. Il me faut tout noter. Si j’oublie, je pourrai relire ce que j’ai écrit et reprendre au commencement.

Saurais-je encore pratiquer la magie ?

 

 

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Gazette de Soracha – n° 14 – Howard Phillips Lovecraft et Le Necronomicon

Howard Phillips Lovecraft est né le 20 août 1890 à Providence (Rhode Island).

Lovecraft

Lovecraft en 1915.

Résumé.–  Lovecraft est l’un des plus grands auteurs de la littérature fantastique. Sa vision et sa conception du fantastique restent uniques : il a créé une mythologie et une cosmogonie originales – des démons hideux, répugnants, puants : Azathoth, « Maître de Toutes Choses », Nyarlathotep « le chaos rampant », Yog-Sothoth « le Tout-en-Un et le Un-en-Tout » et bien sûr Cthulhu –, un univers propre peuplé de villes imaginaires – Dunwich (Massachussets), Kingsport, Innsmouth – dont l’une, Arkham, abrite l’Université Miskatonic dans laquelle se trouve une bibliothèque extraordinaire possédant des livres interdits dont un exemplaire du mythique Necronomicon. A partir de 1930, Lovecraft écrit à ses correspondants qu’il va s’arrêter d’écrire car il n’a plus rien à dire. Atteint d’un cancer de l’intestin, il meurt le 15 mars 1937.

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Gazette de Soracha n° 13 – Louise de La Vallière

Louise de la Baume Le Blanc, duchesse de La Vallière, première maîtresse de Louis XIV, est née le 6 août 1644.

« C’était une petite violette qui se cachait sous l’herbe, et qui était honteuse d’être maîtresse, d’être mère, d’être duchesse. Jamais il n’y en aura sur ce moule-là » (Mme de Sévigné).

Louise de la Valliere

Jean Nocret, Louise de la Vallière.

Résumé. – En juillet 1661, Louise de La Baume Le Blanc devient, à 17 ans, la maîtresse du roi. Louise est follement éprise de Louis : « elle ne songeait qu’à être aimé du roi et à l’aimer » (Mme de La Fayette). Après la mort de la reine-mère Anne d’Autriche, en 1666, elle devient la maîtresse officielle de Louis XIV. Puis son prestige diminue et, de 1667 à 1674, la jeune femme se voit contrainte de partager son titre de favorite du roi avec Madame de Montespan qui l’a supplantée auprès du roi. Le 3 juin 1674, Louise entre au Carmel de l’Incarnation et devient, l’année suivante, sœur Louise de la Miséricorde. Elle s’éteint le 6 juin 1710 après 35 ans de vie religieuse.

 

 

Une jeunesse heureuse.- Françoise-Louise, appelée Louise, est née à Tours le 6 août 1644 dans une famille de petite noblesse. Elle passe son enfance à Reugny dans la campagne tourangelle où elle reçoit une éducation soignée. Après le décès de son père en 1651, sa mère se remarie avec le premier maître d’hôtel de Gaston d’Orléans. Après avoir passé sa vie à comploter contre son frère Louis XIII et à attiser la fronde contre son neveu Louis XIV, Gaston d’Orléans, s’est installé à Blois dans une retraite-exil. Une petite cour s’est formée autour de son épouse Marguerite de Lorraine et de ses trois filles, Marguerite-Louise d’Orléans, Elisabeth dite Melle d’Alençon, et Françoise-Madeleine dite Melle de Valois. Parmi les demoiselles d’honneur, Louise de La Vallière apprend les bonnes manières et parfait son éducation.

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La Gazette de Soracha n° 12 – Martyre de Blandine en 177 à Lyon

Le martyre de Blandine, esclave chrétienne, a lieu du 1er au 3 août 177 dans l’amphithéâtre à Lyon.

Lion. Détail de l'Afrique. Versailles

Lion léchant le pied d’une femme. Détail de la statue L’Afrique de Sybraique et Cornu, parterre du Nord, Jardins de Versailles. ©Le Rat/Soracha.

Le christianisme a très probablement pénétré en Gaule méridionale dès le Ier siècle. Le premier témoignage de l’existence d’une communauté chrétienne à Lyon date de 177 : c’est la Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie. Cette lettre, envoyée en Asie Mineure, a été rédigée par un anonyme relatant la persécution dont ces chrétiens furent victimes avec leur premier évêque Pothin.

Des copies de cette lettre ont circulé en Orient et l’une d’entre elles a été conservée dans la bibliothèque chrétienne de Césarée de Palestine et a été publiée, en l’an 300 environ, par Eusèbe, prêtre de cette ville, dans son Histoire ecclésiastique (V, I, 3-63 ; 2, 1-8 ; 3, 1-3).

En 177, l’empereur Marc Aurèle prend un rescrit contre les chrétiens et ordonne de punir ceux qui troublent le peuple par l’introduction de nouveaux cultes. Les arrestations se multiplient dans la communauté à Lyon :

« Tout d’abord, ils endurèrent généreusement les sévices que la foule ameutée multipliait contre eux. Hués, frappés, traînés à terre, dépouillés, lapidés, séquestrés, ils subirent tout ce qu’une populace enragée se plaît à infliger à des adversaires et à des ennemis. Puis on les fit monter au forum. Interrogés devant le peuple par le tribun et les premiers magistrats de la ville, ils confessèrent leur foi ; ils furent ensuite enfermés dans la prison jusqu’à l’arrivée du légat. Plus tard, ils furent conduits devant le légat et cet homme usa de toute la cruauté habituelle à notre égard ».

Eusèbe n’a transmis dans ses extraits que neufs noms de martyrs, parmi lesquels l’évêque Pothin, âgé de 90 ans qui meurt en prison, et Blandine, jeune esclave, qui ne se renie pas et est envoyée dans l’amphithéâtre.

Dans le grand sanctuaire des Trois-Gaules situé au sommet de la colline de la Croix-Rousse, les délégués des 60 peuples gaulois se réunissent, à compter du 1er août de chaque année, en l’honneur du culte impérial. L’amphithéâtre sert de cadre aux jeux donnés à cette occasion. Les délégués prennent place aux premiers rangs et le grand-prêtre des Trois Gaules siège dans la loge d’honneur.

C’est à l’occasion des jeux donnés les 1er, 2 et 3 août 177 qu’eut lieu le martyre de Blandine :

Le premier jour, Blandine « fut suspendue à un poteau et exposée pour être la pâture des bêtes lâchées contre elle … et ce jour-là, aucune des bêtes ne la toucha ; elle fut détachée du poteau, ramenée dans la prison et gardée pour un autre combat » (Eusèbe, Hist. Eccl., V, 1, 41-42).

Le troisième jour, dernier jour des jeux, Blandine est à nouveau conduite dans l’arène : « Après les fouets, après les fauves, après le gril, elle fut finalement jetée dans un filet et livrée à un taureau. Longtemps elle fut projetée par l’animal, mais elle ne sentait rien de ce qui lui arrivait, à cause de l’espérance et de l’attente de ce en quoi elle avait cru et de sa conversion avec le Christ : elle fut sacrifiée elle aussi ; et les païens eux-mêmes avouaient que jamais chez eux une femme n’avait souffert d’aussi grandes et d’aussi nombreuses tortures » (Eusèbe, Hist. Eccl., V, 1, 56).

 

 

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Une exposition : Rétrospective “David Hockney” au Centre Pompidou

La rétrospective « David Hockney » est présentée au Centre Pompidou jusqu’au 23 octobre 2017

Portrait of an Artist (Pool with Two Figures), 1972 [Portait d’un artiste (Piscine avec deux personnages)] Acrylique sur toile, 213,5 x 305 cm © David Hockney. Photo : Art Gallery of New South Wales / Jenni Carter Lewis Collection

Bat, Pompona et moi avons été séduits par la rétrospective « David Hockney » au Centre Pompidou. En cette saison estivale, profitez de la fermeture tardive de Beaubourg (21heures pour les expositions) pour visiter l’exposition et admirer le coucher de soleil sur Paris.

L’exposition célèbre les quatre-vingts ans de l’artiste et offre un panorama très complet du parcours artistique de David Hockney jusqu’à ses œuvres les plus récentes.

Comme l’explique Marco Livingtone, « par-delà ses démonstrations de versatilité, ses expérimentations stylistiques, ses recherches techniques et visuelles, l’œuvre de David Hockney a manifesté la constance de son attachement à la figure humaine pendant plus de soixante ans » (extrait du Catalogue de l’exposition). Et c’est sans doute l’une des raisons qui rend ses tableaux si attachants, voire émouvants.  Bat et Pompona ont été tout à fait séduites.

Bat a particulièrement été sensible à la série A rake’s Progress réalisée au début des années 1960 qui font l’écho à la suite gravée entre 1733 et 1736 par William Hogarth retraçant les épisodes de La Carrière d’un libertin. Et elle a particulièrement aimé I’m in the Mood for love – le côté diablotin sans doute – qui illustre de manière très humoristique la découverte de son homosexualité par Hockney et le côté métropole corruptrice de New York.

Hockney refuse de se limiter à un style donné, ce qui a fini par séduire par Pompona. Ce qui n’était pas gagné car je l’avais interrompue dans sa lecture de Madeleine de Scudéry pour l’entraîner voir l’exposition et elle était plus que bougonne ! Mais la série des portraits a achevé de lui redonner sa bonne humeur habituelle et Pompona nous a même inventé au pied levé un conte devant le tableau M. and Mrs Clark and Percy, Percy étant un chat blanc assis de dos sur les genoux de son maître. Comme le dit Hockney, « la création artistique est un acte de partage ».

Pour ma part, j’ai été fasciné par toutes les recherches de Hockney sur l’image : d’abord son utilisation d’un appareil polaroïd – et notamment Walking in the zen garden at the Ryoanji Temple -, puis ses expérimentations initiées avec ses collages d’images et son incroyable installation Four Season ; enfin sa production d’images numériques.

« Dans sa peinture, David Hockney ne s’est jamais préoccupé d’atteindre la vraisemblance, la « vérité »
du « réalisme ». Les seules « vérités » auxquelles il aspire concernent le regard, notre façon de voir,
le monde et les moyens les plus adaptés à la représentation des espaces émotionnels produits par le regard ». (Andrew Wilson, extrait du Catalogue de l’exposition).

Et le résultat est extraordinaire !

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Victor Hugo, Le Rhin, Lettres à un ami, Lettre XIX (extraits)

Incendie – Combat de l’eau et du feu

… Au premier moment, quand on se voit comme enveloppé dans cette monstrueuse caverne de feu où tout flambe, reluit, pétille, crie, souffre, éclate et croule, on ne peut se défendre d’un mouvement d’anxiété, il semble que tout est perdu et que rien ne saura lutter contre cette force affreuse qu’on appelle le feu ; mais, dès que les pompes arrivent, on reprend courage.
On ne peut se figurer avec quelle rage l’eau attaque son ennemi. A peine la pompe, ce long serpent qu’on entend haleter en bas dans les ténèbres, a-t-elle passé au-dessus du mur sombre son cou effilé et fait étinceler dans la flamme sa fine tête de cuivre, qu’elle crache avec fureur un jet d’acier liquide sur l’épouvantable chimère à mille têtes. Le brasier, attaqué à l’improviste, hurle, se dresse, bondit effroyablement, ouvre d’horribles gueules pleines de rubis, et lèche de ses innombrables langues toutes les portes et toutes les fenêtres à la fois. La vapeur se mêle à la fumée ; des tourbillons blancs et des tourbillons noirs s’en vont à tous les souffles du vent, et se tordent et s’étreignent dans l’ombre sous les nuées. Le sifflement de l’eau répond au mugissement du feu. Rien n’est plus terrible et plus grand que cet ancien et éternel combat de l‘hydre et du dragon.
La force de la colonne d’eau lancée par la pompe est prodigieuse. Les ardoises et les briques qu’elle touche se brisent et s’éparpillent comme des écailles. Quand la charpente en feu s’est écroulée, magnifique moment où le panache écarlate de l’incendie a été remplacé, au milieu d’un bruit terrible, par une immense et haute aigrette d’étincelles, une cheminée est restée debout sur la maison comme une espèce de petite tour de pierre. Un jet de pompe l’a jetée dans le gouffre. …

Victor Hugo, Le Rhin, Lettres à un ami, Lettre XIX (extraits).