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“Les Fables” de Jean de la Fontaine – n°3 – Le combat des rats et des belettes

Le Combat des Rats et des Belettes

 

La nation des belettes,

Non plus que celle des chats,
Ne veut aucun bien aux rats ;
Et sans les portes étrètes
De leurs habitations,
L’animal à longue échine
En ferait, je m’imagine,
De grandes destructions.

Or une certaine année

Qu’il en était à foison,
Leur roi, nommé Ratapon,
Mit en campagne une armée.
Les belettes, de leur part,
Déployèrent l’étendard.
Si l’on croit la renommée,
La victoire balança:
Plus d’un guéret s’engraissa
Du sang de plus d’une bande.

Mais la perte la plus grande

Tomba presque en tous endroits
Sur le peuple souriquois.
Sa déroute fut entière,
Quoi que pût faire Artapax,
Psicarpax, Méridarpax,
Qui, tout couverts de poussière,
Soutinrent assez longtemps
Les efforts des combattants.

Leur résistance fut vaine ;

Il fallut céder au sort :
Chacun s’enfuit au plus fort,
Tant soldat que capitaine.
Les princes périrent tous.
La racaille, dans des trous
Trouvant sa retraite prête,
Se sauva sans grand travail ;
Mais les seigneurs sur leur tête
Ayant chacun un plumail,
Des cornes ou des aigrettes,
Soit comme marques d’honneur,
Soit afin que les belettes
En conçussent plus de peur,
Cela causa leur malheur.

Trou, ni fente, ni crevasse

Ne fut large assez pour eux ;
Au lieu que la populace
Entrait dans les moindres creux.
La principale jonchée
Fut donc des principaux rats.

Jean de La Fontaine Livre IV,6

Le combat des rats et des belettes. J-B Oudry Source gallica .bnf.fr/BnF

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Une pièce de théâtre : “La règle du jeu” à la Comédie-Française

La Comédie-Française fait son cinéma

Le fauteuil de Molière

Le fauteuil de Molière. ©LeRat/Soracha

Je ne suis pas peu fier.–  Nous sommes allés voir La Règle du jeu d’après Jean Renoir à la Comédie-Française et c’est moi, Le Rat fouineur de culture, qui fait la critique car j’ai adoré !

“Pour écrire le scénario de La Règle du jeu, Jean Renoir s’est inspiré des Caprices de Marianne d’Alfred de Musset, mais aussi du Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux et du Mariage de Figaro de Beaumarchais dont il cite un extrait en ouverture du film. Autant de textes qui font partie du répertoire de la Comédie-Française. Il m’importait donc de penser la question de la mémoire de cette maison, du contact du passé avec le présent. Et ce à tous les niveaux, dans tout ce qui fait son identité : le Répertoire, le bâtiment, les anciens décors et costumes, la Troupe.  La Règle du jeu m’intéresse d’abord car ce film occupe une place très importante dans mon apprentissage et mon amour du cinéma. Ensuite, c’est un classique du cinéma et la réinterrogation des classiques est au coeur de mes recherches. Et enfin, ce choix rejoint un aspect majeur de mon travail, à savoir la relation entre théâtre et cinéma” (Christiane Jatahy, réalisation et mise en scène de la pièce).

Voilà toute l’explication de ce spectacle. A partir de là, il suffit de se laisser porter et de jubiler. Imaginer les Comédiens du Français essayant de faire chanter les spectateurs de la Comédie-Française, de les faire participer au spectacle dans le spectacle. Je vous le dis, ils ont du boulot ! Pourtant ils sont formidables. Avec une mention spéciale à Serge Bagdassarian fantastique.

Ai-je besoin de vous préciser que Pompona a détesté. Evidemment une chatte précieuse ne va pas au théâtre pour voir du cinéma ni pour faire des singeries. L’ours, les lapins, toute cette mise en scène l’a agacée.

Bat au contraire a trouvé le spectacle fort divertissant. La sorcière philosophe adore ces humains qui se déchirent – il faut bien avouer que le fond du spectacle n’est pas drôle -. Elle a également apprécié ce jeu constant entre spectacle et réalité qui vous perd vos repères au bout d’un moment.

 

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Journal de Bat – 20 octobre 2017

Ceci est mon Journal,
commencé dans la nuit du 20 août 2017

20 août 2017. Seule dans la nuit. …

20 octobre 2017. Le Grand-Duc est revenu. Je dormais paisiblement quand j’ai soudain entendu marcher sur le toit. Un pas lent et lourd. J’ai regardé par la lucarne et je l’ai vu ; il avançait vers moi et m’a tendu une nouvelle plume.

Il me faut écrire. Le Grand-Duc. Bubo bubo de son nom scientifique. Un flash : je me souviens. Autrefois, il y a bien longtemps, la chouette était le symbole de la déesse Athéna. Je me revois devant toi, Athéna Parthénos, magnifique monumentale statue chryséléphantine – faite d’or et d’ivoire – attribuée au sculpteur grec Phidias. A l’époque, déesse tutélaire de la cité d’Athènes – d’où le nom de la ville – tu étais installée dans une salle du Parthénon sur l’Acropole. J’aimais beaucoup ta statue. En la regardant fixement, je pouvais te rendre vivante. Alors, la tête de la gorgone Méduse et les serpents qui étaient représentés sur l’égide – une sorte de cuirasse -, les sphinge, griffons et chevaux ailés – des monstres comme disent les humains – prenaient vie et entamaient une sarabande endiablée l’espace d’un instant. Pouvoir de la magie ! Que j’aimais ce temps-là.

Que reste-t-il de toi aujourd’hui, ma chère déesse Athéna ? Quelques statues au Louvre : l’Athéna dite Pallas de Velletri, l’Athéna Mattei ou encore l’Athéna dite « Minerve Ingres », réplique romaine inspirée des créations de Phidias. Rien de plus.

Il me faut écrire. Bubo – la chouette en latin -, mon amie. Un flash : je me souviens. Tu as toujours été un oiseau de mauvais augure chez les auteurs anciens : Ovide, Sénèque, Dion Cassius … A cette époque, ton apparition ou ton cri s’accompagnait souvent de la manifestation de phénomènes extraordinaires – des présages comme disaient les humains -. Tu annonçais la mort, paraît-il. Croyance populaire humaine ! Mais ces pauvres mortels t’attribuent tout autant un rôle apotropaïque – qui conjugue le mauvais sort, qui vise à détourner les influences maléfiques -. Curieux comme face à certains pouvoirs, les humains ont toujours été désemparés.

Il me faut écrire. Il n’en est rien. Nous savons bien toutes les deux que ta présence annonce tout autre chose. Comme moi, tu hantes les tombeaux ; plus souvent que moi tu te tiens sur les tombes dans les cimetières. Mais je ne suis jamais loin, la nuit venue. Que j’aime tes grands yeux, ton regard fixe et pénétrant qui perce les ténèbres. Et oui ! Nous faisons toutes deux partie du monde de la nuit, des nyctalopes – ceux qui voient dans l’obscurité et dans la nuit – comme les rats et les chats.

Le Grand-Duc me regarde fixement. Il sait. Soudain, il écarte ses ailes et repart dans la nuit. Le clocher de Saint-Médard se découpe dans la nuit. Je regarde autour de moi : Pompona est si belle, roulée en boule, lourdement endormie. Elle sait que je veille. Le Rat est parti. Difficile de le retenir, la nuit venue. Il me faut tout noter. Si j’oublie, je pourrai relire ce que j’ai écrit et reprendre au commencement.

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“Les Fables” de Jean de la Fontaine – n°2 – Le Rat et l’Eléphant

Le Rat et l’Eléphant

Se croire un personnage est fort commun en France:

On y fait l’homme d’importance,
Et l’on n’est souvent qu’un bourgeois.
C’est proprement le mal français:

La sotte vanité nous est particulière.
Les Espagnols sont vains, mais d’une autre manière :

Leur orgueil me semble, en un mot,
Beaucoup plus fou, mais pas si sot.
Donnons quelque image du nôtre
Qui sans doute en vaut bien un autre.

Un Rat des plus petits voyait un Éléphant
Des plus gros, et raillait le marcher un peu lent

De la bête de haut parage,
Qui marchait à gros équipage.
Sur l’animal à triple étage
Une sultane de renom,
Son Chien, son Chat et sa Guenon,
Son Perroquet, sa Vieille et toute sa maison,
S’en allait en pèlerinage.
Le Rat s’étonnait que les gens
Fussent touchés de voir cette pesante masse :

« Comme si d’occuper ou plus ou moins de place
Nous rendait, disait-il, plus ou moins importants !
Mais qu’admirez-vous tant en lui, vous autres hommes ?
Serait-ce ce grand corps qui fait peur aux enfants ?
Nous ne nous prisons pas, tout petits que nous sommes,
D’un grain moins que les éléphants. »

Il en aurait dit davantage ;
Mais le Chat, sortant de sa cage,
Lui fit voir en moins d’un instant
Qu’un rat n’est pas un éléphant.

Jean de La Fontaine Livre VIII, 15

Le rat et l’éléphant. J-B Oudry Source gallica .bnf.fr/BnF

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Une pièce de théâtre : Tartuffe au Théâtre de la Porte-Saint-Martin

Nous sommes allés voir le Tartuffe de Molière joué au Théâtre de la Porte-Saint-Martin jusqu’au 31 décembre 2017.


Les comédiens saluant à la fin de la représentation. © Le Rat /Soracha

La première.- Le Tartuffe, peut-être intitulé l’Hypocrite, est représenté pour la première fois devant Louis XIV à Versailles, le 12 mai 1664 pendant la fête des Plaisirs de l’île enchantée. La pièce jouée en trois actes par la troupe de Molière, protégée alors par Monsieur, frère du roi, connaît ce jour-là le succès auprès du roi et de la cour, chacun cherchant à deviner qui se cache derrière le personnage du héros.

L’affaire du Tartuffe.- Les dévots réunis dans la Compagnie du Saint-Sacrement de l’Autel, société secrète influente, constituée de membres issus de l’aristocratie et de la bourgeoisie parlementaire, se déchaînent et lancent une cabale contre Molière qu’ils jugent subversif et libertin. Le 1er août 1664, le curé de Saint-Barthélemy, Pierre Roullé, publie un panégyrique de Louis XIV intitulé : « Le roi glorieux au monde ou Louis XIV le plus glorieux de tous les rois du monde ». Il y prend à partie Molière qu’il traite de « démon vêtu de chair et habillé en homme ».

Louis XIV en interdit la représentation publique, mais accorde une gratification à l’auteur. La pièce n’est représentée qu’en privé ; ainsi le 25 septembre 1664 à Villers-Cotterêts chez Monsieur. Puis la pièce entière et achevée en 5 actes est représentée au château du Raincy devant le prince de Condé le 29 novembre 1664 et le 8 novembre 1665.  Entre-temps, le 14 août 1665, Louis XIV a pris la troupe sous sa protection – qui devient donc la troupe du Roi – et lui accorde 6000 livres de pension.

Le 5 août 1667, Molière risque une représentation publique du Tartuffe dans la salle du Palais-Royal en l’absence du roi. Il change le titre de la pièce pour l’imposteur et le principal personnage devient M. Panulphe. L’hypocrite change de tenue : il a désormais « un petit chapeau, de grands cheveux, un grand collet, une épée et des dentelles sur tout l’habit ». Le 6 août, M. de Lamoignon, président du Parlement de Paris, interdit toute nouvelle représentation de Tartuffe en estimant que la comédie n’a pas à censurer l’hypocrisie religieuse. Molière dépêche alors auprès du roi, occupé au siège de Lille, deux acteurs de sa troupe, La Thorillière et La Grande, porteurs d’un placet. « Monsieur nous protégea à son ordinaire et Sa Majesté nous fit dire qu’à son retour à Paris, elle ferait examiner la pièce de Tartuffe et que nous la jouerions » (registre de La Grange). Mais l’archevêque de Paris, Hardouin-Beaumont de Péréfixe, ayant publié une ordonnance frappant d’excommunication tout fidèle coupable de « lire ou entendre réciter le Tartuffe, soit publiquement, soit en particulier », le roi maintient l’interdiction.

Il faut attendre le 5 février 1669 pour que la permission de représenter Tartuffe en public sans interruption soit accordée. Ce jour-là, la pièce est jouée par la troupe du Roi et remporte un franc succès auprès du public.

Presque 350 ans plus tard.- Nous avons fort apprécié la pièce jouée actuellement au Théâtre de la Porte-Saint-Martin. Tout d’abord, il y a Michel Bouquet et Juliette Carré, inséparable couple de comédiens si émouvant. Bien sûr, c’est un peu étrange de voir Juliette Carré jouer Madame Pernelle, la mère d’Orgon, interprété par Michel Bouquet, plus âgé qu’elle ! Mais c’est toute la magie du théâtre, magnifiquement rendue par la mise en scène de Michel Fau et les costumes de Christian Lacroix.

Bat a beaucoup aimé la scène où Elmire, l’épouse d’Orgon, confond Tartuffe et prouve toute la duplicité du personnage.

Le Rat a trouvé que les comédiens étaient fantastiques et que leur jeu et les costumes restituaient entièrement l’atmosphère du XVIIe siècle.

Quant à moi, j’ai adoré la diction parfaite des comédiens qui nous permet d’apprécier les vers de Molière.

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Auguste Lacaussade – “Les soleils d’octobre”

“Les soleils d’octobre” d’Auguste Lacaussade

Aux jours où les feuilles jaunissent,
Aux jours où les soleils finissent,
Hélas ! nous voici revenus ;
Le temps n’est plus, ma-bien-aimée,
Où sur la pelouse embaumée
Tu posais tes pieds blancs et nus.

L’herbe que la pluie a mouillée
Se traîne frileuse et souillée ;
On n’entend plus de joyeux bruits
Sortir des gazons et des mousses ;
Les châtaigniers aux branches rousses
Laissent au vent tomber leurs fruits.

Sur les coteaux aux pentes chauves,
De longs groupes d’arbustes fauves
Dressent leurs rameaux amaigris ;
Dans la forêt qui se dépouille,
Les bois ont des teintes de rouille ;
L’astre est voilé, le ciel est gris.

Cependant, sous les vitres closes,
Triste de la chute des roses,
Il n’est pas temps de s’enfermer ;
Toute fleur n’est pas morte encore ;
Un beau jour, une belle aurore
Au ciel, demain, peut s’allumer.

La terre, ô ma frileuse amie !
Ne s’est point encore endormie
Du morne sommeil de l’hiver…
Vois ! la lumière est revenue :
Le soleil, entr’ouvrant la nue,
Attiédit les moiteurs de l’air.

Sous la lumière molle et sobre
De ces soleils calmes d’octobre,
Par les bois je voudrais errer !
L’automne a de tièdes délices :
Allons sur les derniers calices,
Ensemble, allons les respirer !

Je sais dans la forêt prochaine,
Je sais un site au pied du chêne
Où le vent est plus doux qu’ailleurs ;
Où l’eau, qui fuit sous les ramures,
Échange de charmants murmures
Avec l’abeille, avec les fleurs.

Dans ce lieu plein d’un charme agreste,
Où pour rêver souvent je reste,
Veux-tu t’asseoir, veux-tu venir ?
Veux-tu, sur les mousses jaunies,
Goûter les pâles harmonies
De la saison qui va finir ?

Partons ! et, ma main dans la tienne,
Qu’à mon bras ton bras se soutienne !
Des bois si l’humide vapeur
Te fait frissonner sous ta mante,
Pour réchauffer ta main charmante
Je la poserai sur mon cœur.

Et devant l’astre qui décline,
Debout sur la froide colline,
Et ton beau front penché sur moi,
Tu sentiras mille pensées,
Des herbes, des feuilles froissées
Et des bois morts, monter vers toi.

Et devant la terne verdure,
Songeant qu’ici-bas rien ne dure,
Que tout passe, fleurs et beaux jours,
A cette nature sans flamme
Tu pourras comparer, jeune âme,
Mon cœur, pour toi brûlant toujours !

Mon cœur, foyer toujours le même,
Foyer vivant, foyer qui t’aime,
Que ton regard fait resplendir !
Que les saisons, que les années,
Que l’âpre vent des destinées
Ne pourront jamais refroidir !

Et quand, noyés de brume et d’ombre,
Nous descendrons le coteau sombre,
Rayon d’amour, rayon d’espoir,
Un sourire, ô ma bien-aimée !
Jouera sur ta lèvre embaumée
Avec les derniers feux du soir.

Auguste Lacaussade, Poèmes et Paysages, LXXX, 1852

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“Les Fables” de Jean de la Fontaine – n°1 – Le Lion et le Rat

Le Lion et le Rat

Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde :
On a souvent besoin d’un plus petit que soi.

De cette vérité deux Fables feront foi
Tant la chose en preuves abonde.

Entre les pattes d’un Lion
Un Rat sortit de terre assez à l’étourdie.
Le Roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu’il était, et lui donna la vie.

Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu’un aurait-il jamais cru
Qu’un Lion d’un Rat eût affaire ?

Cependant il advint qu’au sortir des forêts
Ce Lion fut pris dans des rets,
Dont ses rugissements ne le purent défaire.
Sire Rat accourut, et fit tant par ses dents
Qu’une maille rongée emporta tout l’ouvrage.

Patience et longueur de temps 
Font plus que force ni que rage.

Jean de La Fontaine Livre II, 11

Le Lion et le Rat, J-B Oudry Source gallica .bnf.fr/BnF

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Paul Verlaine – “En septembre”

“En septembre” de Paul Verlaine

Parmi la chaleur accablante
Dont nous torréfia l’été,
Voici se glisser, encor lente
Et timide, à la vérité,

Sur les eaux et parmi les feuilles,
Jusque dans ta rue, ô Paris,
La rue aride où tu t’endeuilles
De tels parfums jamais taris,

Pantin, Aubervilliers, prodige
De la Chimie et de ses jeux,
Voici venir la brise, dis-je,
La brise aux sursauts courageux…

La brise purificatrice
Des langueurs morbides d’antan,
La brise revendicatrice
Qui dit à la peste : va-t’en !

Et qui gourmande la paresse
Du poète et de l’ouvrier,
Qui les encourage et les presse…
« Vive la brise ! » il faut crier :

 « Vive la brise, enfin, d’automne
Après tous ces simouns d’enfer,
La bonne brise qui nous donne
Ce sain premier frisson d’hiver ! »

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Journal de Bat

Ceci est mon Journal,
commencé dans la nuit du 20 août 2017

Seule dans la  nuit. A cette heure, le calme règne sur la rue Mouffetard.  Le Grand-Duc apparaît à la fenêtre et me tend une plume que je saisis d’une main fébrile.  Aussitôt, la feuille blanche posée devant moi se transforme en vieux parchemin et la plume se met à écrire : Journal de Bat la sorcière philosophe.

Il me faut écrire. En souhaitant rendre hommage à Lovecraft pour la date anniversaire de sa naissance, je crains que nous ayons, Le Rat, Pompona et moi, réveillé les Grands Anciens ou du moins les vieux démons. Le Rat a raison : Pompona me rappelle tellement les Précieuses. Elle ne voit la magie et l’occultisme que par le prisme de la littérature ; tout la divertit. Dans un des vieux grimoires bien rangés dans les combles, elle a trouvé une formule pour transformer la couleur des chats et veut absolument que j’essaye sur elle.

Un rat, une chatte, une sorcière : une trilogie parfaite pour restituer l’atmosphère si particulière de l’époque médiévale. Un rat et une chatte qui parlent,  meilleurs amis du monde  : J’ai bien senti que les vieux grimoires de magie noire frémissaient d’intérêt sur les étagères. Qu’avons-nous fait?

Il me faut écrire. J’ai fait des rêves peuplés de créatures étranges flottant dans les airs. Qui sont-elles? Je ne les ai pas reconnues. Le sommeil de la raison engendre les monstres. Il me faut tout noter. Si j’oublie, je pourrai relire ce que j’ai écrit et reprendre au commencement.

Saurais-je encore pratiquer la magie ?

 

 

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Gazette de Soracha – n° 14 – Howard Phillips Lovecraft et Le Necronomicon

Howard Phillips Lovecraft est né le 20 août 1890 à Providence (Rhode Island).

Lovecraft

Lovecraft en 1915.

Résumé.–  Lovecraft est l’un des plus grands auteurs de la littérature fantastique. Sa vision et sa conception du fantastique restent uniques : il a créé une mythologie et une cosmogonie originales – des démons hideux, répugnants, puants : Azathoth, « Maître de Toutes Choses », Nyarlathotep « le chaos rampant », Yog-Sothoth « le Tout-en-Un et le Un-en-Tout » et bien sûr Cthulhu –, un univers propre peuplé de villes imaginaires – Dunwich (Massachussets), Kingsport, Innsmouth – dont l’une, Arkham, abrite l’Université Miskatonic dans laquelle se trouve une bibliothèque extraordinaire possédant des livres interdits dont un exemplaire du mythique Necronomicon. A partir de 1930, Lovecraft écrit à ses correspondants qu’il va s’arrêter d’écrire car il n’a plus rien à dire. Atteint d’un cancer de l’intestin, il meurt le 15 mars 1937.

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