Le martyre de Blandine, esclave chrétienne, a lieu du 1er au 3 août 177 dans l’amphithéâtre à Lyon.
Lion léchant le pied d’une femme. Détail de la statue L’Afrique de Sybraique et Cornu, parterre du Nord, Jardins de Versailles. ©Le Rat/Soracha.
Le christianisme a très probablement pénétré en Gaule méridionale dès le Ier siècle. Le premier témoignage de l’existence d’une communauté chrétienne à Lyon date de 177 : c’est la Lettre des chrétiens de Vienne et de Lyon à leurs frères d’Asie. Cette lettre, envoyée en Asie Mineure, a été rédigée par un anonyme relatant la persécution dont ces chrétiens furent victimes avec leur premier évêque Pothin.
Des copies de cette lettre ont circulé en Orient et l’une d’entre elles a été conservée dans la bibliothèque chrétienne de Césarée de Palestine et a été publiée, en l’an 300 environ, par Eusèbe, prêtre de cette ville, dans son Histoire ecclésiastique (V, I, 3-63 ; 2, 1-8 ; 3, 1-3).
En 177, l’empereur Marc Aurèle prend un rescrit contre les chrétiens et ordonne de punir ceux qui troublent le peuple par l’introduction de nouveaux cultes. Les arrestations se multiplient dans la communauté à Lyon :
« Tout d’abord, ils endurèrent généreusement les sévices que la foule ameutée multipliait contre eux. Hués, frappés, traînés à terre, dépouillés, lapidés, séquestrés, ils subirent tout ce qu’une populace enragée se plaît à infliger à des adversaires et à des ennemis. Puis on les fit monter au forum. Interrogés devant le peuple par le tribun et les premiers magistrats de la ville, ils confessèrent leur foi ; ils furent ensuite enfermés dans la prison jusqu’à l’arrivée du légat. Plus tard, ils furent conduits devant le légat et cet homme usa de toute la cruauté habituelle à notre égard ».
Eusèbe n’a transmis dans ses extraits que neufs noms de martyrs, parmi lesquels l’évêque Pothin, âgé de 90 ans qui meurt en prison, et Blandine, jeune esclave, qui ne se renie pas et est envoyée dans l’amphithéâtre.
Dans le grand sanctuaire des Trois-Gaules situé au sommet de la colline de la Croix-Rousse, les délégués des 60 peuples gaulois se réunissent, à compter du 1er août de chaque année, en l’honneur du culte impérial. L’amphithéâtre sert de cadre aux jeux donnés à cette occasion. Les délégués prennent place aux premiers rangs et le grand-prêtre des Trois Gaules siège dans la loge d’honneur.
C’est à l’occasion des jeux donnés les 1er, 2 et 3 août 177 qu’eut lieu le martyre de Blandine :
Le premier jour, Blandine « fut suspendue à un poteau et exposée pour être la pâture des bêtes lâchées contre elle … et ce jour-là, aucune des bêtes ne la toucha ; elle fut détachée du poteau, ramenée dans la prison et gardée pour un autre combat » (Eusèbe, Hist. Eccl., V, 1, 41-42).
Le troisième jour, dernier jour des jeux, Blandine est à nouveau conduite dans l’arène : « Après les fouets, après les fauves, après le gril, elle fut finalement jetée dans un filet et livrée à un taureau. Longtemps elle fut projetée par l’animal, mais elle ne sentait rien de ce qui lui arrivait, à cause de l’espérance et de l’attente de ce en quoi elle avait cru et de sa conversion avec le Christ : elle fut sacrifiée elle aussi ; et les païens eux-mêmes avouaient que jamais chez eux une femme n’avait souffert d’aussi grandes et d’aussi nombreuses tortures » (Eusèbe, Hist. Eccl., V, 1, 56).